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Nélia Barbosa vogue vers les Jeux Paralympiques

Nelia Barbosa

Crédits Jean-Paul Loyer

Elle est à la fois passionnée et très posée lorsqu’elle parle de canoë-kayak. Depuis qu’elle a découvert cette discipline, Nélia Barbosa n’a plus jamais voulu lâcher sa pagaye. Simplement parce qu’en la faisant glisser sur l’eau, il lui fait oublier son handicap. Rencontre.


VDF : Vous démarrez le canoë-kayak en valide à l’âge de 12 ans sur la Marne, au club de Champigny dans lequel vous êtes d’ailleurs toujours licenciée. Qu’est-ce qui vous a donné le goût de cette discipline ?
Nélia Barbosa : J’ai découvert le canoë-kayak par hasard en colonie de vacances, à une époque où je pensais que le sport m’était proscrit. J’ai tout de suite accroché avec la discipline, déjà parce que c’est un sport qui m’est accessible, mais aussi parce que c’est un sport nature, où l’on parcourt les rivières partout en France.

À l’âge de 18 ans, votre neurofibromatose à la cheville droite se complique et les médecins vous conseillent l’amputation de la partie inférieure de votre jambe. Votre premier réflexe était alors de savoir si vous pourriez continuer le canoë-kayak. Surprenant, non ?
N.B. En effet, ça peut paraître surprenant, mais j’ai eu besoin d’être rassurée sur le fait de pouvoir continuer mon sport avant même de savoir si j’allais pouvoir remarcher. C’était d’ailleurs la condition sine qua non pour accepter l’amputation !

Vous intégrez alors la compétition avec le paracanoë. Qu’est-ce que ça a changé pour vous, vous qui rivalisiez avec vos homologues valides ?
N.B. Ça m’a ouvert une nouvelle perspective de compétition. Jusqu’alors, les compétitions les plus prestigieuses que j’avais pu faire étaient les Championnats de France. En paracanoë, j’ai réussi à accéder rapidement aux plus importantes compétitions internationales dans une catégorie correspondant à mon handicap et j’ai la chance de beaucoup voyager. Avec le niveau requis et l’organisation (entraînements, encadrement), j’ai dû forcément changer mon mode de vie et mon quotidien. J’ai senti que je rentrais dans la cour des grands et que j’avais la capacité de performer et de continuer mes rêves et objectifs.

Un choix payant puisqu’en 2019, vous obtenez une première médaille internationale en terminant vice-championne d’Europe en Hongrie. Une consécration ?
N.B. Tout à fait ! Je ne m’y attendais pas du tout. J’y allais pour prendre mes marques, pour découvrir le monde du sport de haut niveau. Cette médaille m’est tombée dessus par hasard ! J’ai compris très vite que j’allais désormais être attendue en compétition. Une vraie pression !

En 5 ans de compétitions, vous êtes présente à 11 reprises sur des podiums internationaux. Vous participez notamment aux Jeux Paralympiques de Tokyo en 2020 en rapportant la médaille d’argent. Qu’est-ce que vos performances disent de vous ?
N.B. Depuis toute jeune, je suis assez intransigeante envers moi-même. C’est mon côté perfectionniste ! Je pense que mes performances traduisent bien ma personnalité : je suis toujours déterminée à gagner et profondément passionnée par mon sport.

Quels sont vos prochains défis sportifs ? Comment vous y préparez-vous ?
N.B. En vue des Jeux Paralympiques Paris 2024 pour lesquels j’ai décroché le quota en août 2023, je prévois de reprendre ma nouvelle saison avec un entraînement intensif ; il y aura notamment une échéance importante aux Championnats du Monde en Hongrie. Cela va me permettre de valider ce qui a été mis en place et de partir sur de nouvelles pistes jusqu’aux Jeux Paralympiques.

Vous êtes agent sous contrat civil au sein du ministère de la Défense, et faites partie de l’Armée des champions du Centre national des sports de la défense (CNSD). Que vous apporte cette expérience ?
N.B. J’ai beaucoup de chance, en tant qu’athlète, de bénéficier de ce privilège. Aujourd’hui, le sport olympique et paralympique n’est pas considéré comme du sport professionnel, ce qui oblige à avoir un métier à côté, ou au moins des sponsors pour accompagner la préparation sportive. Cet emploi à l’Armée me permet d’avoir un statut, une stabilité et un logement près de ma structure sportive. De plus, je fais partie d’un ensemble de 200 athlètes qui visent les plus grandes compétitions. Ensemble, on a un objectif commun d’excellence qui nous booste au quotidien !

En parallèle, vous êtes titulaire d’un BTS en design de produits et faites des études de graphisme. Comment vous voyez-vous dans 10 ou 15 ans ? Quels sont vos projets ?
N.B. J’ai toujours beaucoup d’attrait pour les métiers du graphisme et du design. Mais mon projet sportif actuel me laisse assez peu de place pour les études. J’ai la chance d’avoir intégré une école bienveillante qui me permet d’avoir un aménagement de mon temps.

Linda Taormina
 

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