Comment parler de sexualité à un ado ?

Pas toujours facile de trouver les mots pour parler de certains sujets avec un adolescent. Comment s’y prendre pour aborder les questions relatives à la sexualité ? Les conseils de Camille Beau, animatrice de prévention au sein du Planning Familial de Paris.

Un parent est-il le mieux placé pour parler sexualité à son ado ?

Camille Beau : Un parent peut tout à fait parler de sexualité, de vie affective et relationnelle à son adolescent. S’il ne s’en sent pas capable, l’important est de pouvoir orienter son enfant vers des professionnels qui pourront répondre à ses questions, comme le Planning Familial présent partout en France. Il existe également d’autres ressources sur le web ou des livres très bien faits sur le sujet (voir encadré). L’essentiel est de ne pas laisser un ado sans réponse.

Au collège et au lycée, ces thématiques sont-elles abordées ?

C.B. : Depuis 2001, la loi impose une information et une éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d'au moins trois séances annuelles. Dans les faits, nous intervenons à la demande des établissements beaucoup moins que trois fois par an. D’où l’intérêt d’informer les enfants par d’autres biais que l’école.

Garder le silence présente-t-il un risque que l’ado se tourne vers des contenus pornographiques ?

C.B. : Oui, et cela ne date pas d’hier. Ce qui a changé, c’est l’accès à ces images qui est désormais facilité par les téléphones portables. Pour certains adolescents, le porno peut être une porte d’entrée sur leurs désirs donc il est important d’en parler, de leur rappeler qu’il s’agit de fiction qui véhicule de la violence et des stéréotypes de genre. Les enfants et les adolescents entendant aussi beaucoup de choses dans la cour de récréation, à la télévision et sur les réseaux sociaux. Mais ce n’est pas parce qu’ils parlent de sujets liés à la sexualité qu’ils l’ont expérimentée. Pour les parents, il est important de ne pas s’alarmer des questions que posent leurs ados et de ne pas plaquer sur eux des représentations d’adulte. 

Concrètement, comment les parents peuvent-ils aborder ce sujet avec leur ado ?

C.B. : Je pense que la première chose à dire à son ado est de le rassurer sur le fait qu’il est normal qu’il se pose des questions. Ensuite, il s’agit d’être à l’écoute, sans jugement, dans la bienveillance. On peut répondre à ses questions en s’adaptant à son âge ; en restant peut-être en surface avec les plus jeunes et en développant davantage avec les plus âgés. À partir de là, je crois que tous les sujets peuvent être abordés : le consentement, la prévention des infections sexuellement transmissibles (IST), la contraception… L’ado peut aussi être à l’âge de se poser des questions sur son orientation sexuelle. Là aussi, je pense qu’il est important de le soutenir dans son cheminement. 

Quel vocabulaire utiliser ?

C.B. : Lors de nos interventions dans les établissements scolaires, nous veillons à utiliser les bons termes (vagin, vulve, pénis…). Donner les termes justes permet aux jeunes de se faire une représentation réelle de leur corps. De manière générale, donner des repères précis – concernant par exemple l’inceste ou les violences – permet aux enfants de repérer ce qu’ils vivent, de se faire respecter et de respecter l’autre. C’est essentiel pour leur autonomie et leur bien-être.

Chloé Dussère