Pourquoi pas l’éducation sexuelle via les réseaux sociaux ?
Pourquoi pas l’éducation sexuelle via les réseaux sociaux ?
Sur les réseaux sociaux, les jeunes sont très nombreux à suivre des comptes dédiés à une éducation sexuelle « nouvelle génération », plus positive et inclusive. Gros plan sur une révolution de la parole libérée.
« La première fois, ça fait mal ? » « Faire l’amour pendant les règles, c’est possible ? » « Un rapport sans orgasme, c’est raté ? » Pas facile de poser ce type de questions à un médecin ou à un professionnel du planning familial, plus encore dans le cadre scolaire. Mais avec les réseaux sociaux, c’est désormais en toute intimité, depuis leur mobile, que les adolescents et jeunes adultes peuvent poser les questions qui les préoccupent et échanger avec d’autres sur ces sujets.
Le sexe sur Internet ne se résume plus aux sites pornographiques, loin de là. Ces dernières années, les comptes dédiés à l’éducation à la sexualité se multiplient sur Snapchat, YouTube, TikTok.... Rien que sur Instagram, on a l’embarras du choix pour des informations positives, bienveillantes, inclusives et sans tabous.
Les 18-25 ans se confient comme à une grande sœur ou une tante
« Contribuer à une vision moins hétéronormée de la sexualité, en incluant les minorités de genre, c’est mon credo », proclame ainsi Jüne Plà, illustratrice*. Son compte @jouissanceclub (923 000 abonnés) est conçu comme un manuel illustré pour apprendre à faire l’amour autrement. « Nous ne sommes pas des spécialistes, nous parlons comme des personnes lambda et cela crée de l’affinité, poursuit-elle. Les 18-25 ans, qui forment 70 % de mes abonnés, se confient comme à une grande sœur ou une tante. »
Gynécologue-obstétricienne à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, Laura Berlingo juge « très positive » l’éducation à la sexualité véhiculée par les réseaux sociaux sous l’angle du désir et du plaisir, mais aussi du consentement.
Chacun est le meilleur expert de son propre corps
La spécialiste y voit l’émergence d’une co-construction d’un savoir. Or la sexualité concerne tout le monde : pas besoin d’être professionnel pour en parler. « Comme médecin, j’estime que chacun est le meilleur expert de son propre corps, explique-t-elle. De toute manière, il ne faut pas se voiler la face : la différence d’âge, la posture d’autorité font que les adolescent(e)s ne viendront jamais parler de certains sujets à un adulte, qu’il soit médecin ou professeur. »
Cette révolution manifeste-t-elle un déficit de confiance vis-à-vis du corps médical ? Laura Berlingo n’est pas loin de le penser : « Il y a un vrai problème de formation des médecins à la santé sexuelle. » Jüne, elle, appelle à une vraie éducation à la sexualité à l’école. Les trois séances annuelles prévues par la loi sont, dans les faits, souvent oubliées.
* Son livre illustré, intitulé Jouissance Club, est sorti en janvier 2020 aux éditions Marabout
** Autrice du livre Une sexualité à soi, libérée des normes - Editions Les Arènes – janvier 2021
En savoir plus
« L’intimité et la sexualité en ligne à l’adolescence » sur le site de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep)
Le compte Instagram du Planning familial
Mots clés
jeunes
éducation
santé