Comment parler des règles aux garçons ?

Apparaissant entre 10 et 15 ans pour se terminer à la ménopause aux alentours de 50 ans, les menstruations occupent une grande partie de la vie des filles et des femmes. Pourquoi faut-il aussi en parler aux garçons ? Comment s’y prendre ?

Encore considérées comme un sujet tabou par 54 % des filles et 73 % des garçons(1), les règles restent souvent méconnues de certains adolescents et font potentiellement l’objet de moqueries. « Quand nous intervenons auprès de collégiens, on observe encore une gêne autour de ce sujet pourtant banal, confirme Camille Beau, animatrice de prévention au sein du Planning Familial. On constate également que certains jeunes sont très informés, tandis que d’autres ont des représentations fausses autour des règles. » S’il est important de parler de ce sujet aux filles car elles sont directement concernées, il semble également intéressant d’en parler aux garçons. Cela peut contribuer à limiter la gêne, la stigmatisation et même à lutter contre les remarques sexistes. « En les informant, on permet aux garçons de prendre conscience de ce que traversent les filles, de leurs besoins et de la manière dont ils peuvent éventuellement les aider », poursuit Camille Beau.

Affronter les questions

Si les menstruations sont abordées au collège en cours de Sciences et Vie de la Terre (SVT), les garçons entendent parler de ce sujet dès l’enfance, même de manière floue, via leur mère, leur sœur ou même au travers des publicités à la télévision. Même dès l’âge de 6-7 ans, ils peuvent être amenés à poser des questions sur ce sujet, en demandant par exemple à quoi servent les protections périodiques sur l’étagère de la salle-de-bain. « Il est important de ne pas éviter ces questions car cela peut entrainer une frustration ou renforcer l’idée que les règles sont taboues », conseille Camille Beau.

Utiliser des mots simples

Pour répondre aux interrogations de son enfant, il est important d’utiliser des mots simples, adaptés à son âge, sans pour autant être trop caricatural. Expliquer que les femmes saignent tous les mois, qu’elles utilisent des protections pour éviter de salir leurs vêtements et que les règles ne sont pas une maladie peut être un bon début. Rappeler qu’il est important de ne pas se moquer de ce sujet qui concerne la moitié de l’humanité peut également être utile. Si ce n’est pas le bon moment pour en parler tranquillement ou que l’enfant ajoute de multiples questions pour lesquelles on n’a pas toujours de réponses, il est possible de lui dire « je vais chercher les réponses à tes questions et on reparle quand je les trouve ». Le moment venu, l’appui d’un livre adapté peut aider à trouver les bons mots.

Libérer la parole

Évoquer les règles peut rapidement amener à parler d’autres sujets, comme celui de la reproduction. Si l’enfant ne sait pas encore comment sont fait les bébés, c’est peut-être l’occasion d’en parler en ajoutant que les règles font partie du cycle menstruel de la femme qui comprend plusieurs phases et qui s’interrompt pendant la grossesse. Quoiqu’il en soit, il est important de maintenir le dialogue sur ces sujets avec son enfant – fille ou garçon – pour qu’il se sente lui-même en confiance pour aborder sa propre puberté le moment venu. Trouver les réponses à ses questions et ses doutes dans le cadre familial, lui permettra aussi de déjouer les fake news et autres préjugés sur ces sujets.

(1)    Etude réalisée par l’Ifop pour Essity entre février et mars 2020 auprès de 900 jeunes filles et garçons entre 10 et 14 ans.