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Comment éviter l’addiction aux jeux d’argent en ligne ?

Poker, paris sportifs, machine à sous… Les jeux d’argent ont débarqué sur Internet il y a deux décennies déjà. Conséquence de leur succès, de nombreuses personnes ont développé une addiction. On fait le point avec Patrick Bendimerad, addictologue.

Des sites de jeux en ligne inévitables


Par son activité de psychiatre-addictologue, le docteur Patrick Bendimerad, chef du service d’addictologie au Groupe Hospitalier Littoral Atlantique (La Rochelle), voit passer nombre de patient(e)s accros à différentes substances, qu’il s’agisse du tabac, de l’alcool ou des drogues illégales. « Avec le développement du jeu en ligne, nous avons constaté une augmentation des consultations pour des addictions liées au jeu d’argent et de hasard » indique le spécialiste. L’Observatoire Français des Drogues et des Tendances addictives (OFDT) évalue à 4 millions (en 2022), le nombre de joueurs inscrits sur des sites spécialisés. Un succès massif qui entraîne une hausse des personnes développant des addictions comportementales à ce type de jeu.
Tout se joue, en effet, dans nos neurones : pour rendre leurs clients accros, les sites de jeux en ligne « usent à la fois des stratégies traditionnelles des casinos et des paris sportifs, mais aussi de biais cognitifs venus du neuromarketing digital ». Et ces mécanismes visent à activer ce que l’on appelle « le circuit de récompense ». Des hormones qui activent dans notre cerveau une émotion positive, que l’on cherche à retrouver à chaque nouveau pari ou partie. « Les joueurs courent après l’émotion du premier « Big Win » (gros gain), ce qui peut entraîner des troubles du jugement et des pertes de contrôle chez les plus vulnérables » pointe Patrick Bendimerad, qui décrit également un marketing ciblant « certaines catégories de population bien précises ». 
La publicité pour de jeux d’argent en ligne s’adresse aux moins de 25 ans et aux classes sociales défavorisées, deux populations où l’on joue beaucoup. « Cela se remarque dans les campagnes utilisant des phrases comme « casser la baraque » ou « mettre la daronne à l’abri », et qui insistent sur les gains potentiels, mais jamais sur les pertes » souligne Patrick Bendimerad. Le but ? Attirer toujours plus de nouveaux inscrits et les garder le plus longtemps possible « captifs ».

L’addiction au jeu d’argent en ligne : signes avant-coureurs et traitements


« Ressentez-vous le besoin de vous refaire lorsque vous venez de perdre ? » ; « Avez-vous déjà dû cacher vos pertes d’argent à votre entourage ? ». Si une personne répond oui à l’une ou l’autre de ces questions, « il est nécessaire d’explorer une potentielle addiction au jeu de manière plus approfondie » explique Patrick Bendimerad. Les risques de surendettement, d’isolement social, d’échecs personnels et professionnels figurent en effet parmi les conséquences les plus notables de l’addiction aux jeux en ligne. 
Comme avec toutes les addictions, il est important que la prise de conscience ait lieu avant tout chez la personne concernée. C’est à ce moment que le volet institutionnel prend le relais. Patrick Bendimerad énumère les dispositifs d’aide : « Pour la population générale, la prise en charge s’effectue au niveau des CSAPA (Centres de soin, d’accompagnement et de prévention en addictologie), et pour les jeunes de moins de 25 ans au niveau des Consultations jeunes consommateurs et des Maisons des Adolescents ». 
Ces services médico-sociaux spécialisés réalisent les consultations et le suivi en fonction des demandes des patients : « certains cherchent des outils et des méthodes pour diminuer leurs comportements addictifs, d’autre à arrêter complètement » complète Patrick Bendimerad. La thérapie cognitivo-comportementale et les groupes de pairs (sur le modèle des Alcooliques anonymes) ont prouvé leur efficacité sur la population des accros aux jeux. L’enjeu principal ? Lutter contre le « craving », cette envie irrésistible de jouer, par le truchement de gymnastique mentale et de l’entraide. Par le biais des associations, des travailleurs sociaux, des établissements d’enseignement secondaires, cette lutte trouve de nombreux relais auprès de personnes de plus en plus informées sur cette addiction à risques.

Thomas Chouanière

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