Les écrans : des règles à appliquer tous ensemble

Dans un monde de plus en plus connecté, le foyer n’est pas épargné, et les parents se sentent souvent démunis face à cette surexposition familiale. Alors comment composer avec ces écrans, en les intégrant de façon juste et responsable à la maison ?

Si bannir les écrans est impossible, il est nécessaire d’en connaître les impacts pour les utiliser de façon responsable. Tour d’horizon des bonnes pratiques avec Sabine Duflo, psychologue et thérapeute familiale, et Serge Tisseron, psychiatre et fondateur de l’association 3-6-9-12 (3-6-9-12.org).

Parents : des exemples à suivre

Et si, en tant que parents, on s’interrogeait sur nos usages des écrans ? Un travail nécessaire pour apprendre à réguler leur utilisation au plus tôt, afin d’instaurer plus facilement des règles ensuite. « Lorsqu’ils connaissent les risques d’une surexposition, les parents changent leurs habitudes », constate Sabine Duflo. Car pour la psychologue, il n’est pas question de les culpabiliser : ils subissent le manque d’informations et de moyens pour proposer des alternatives à leurs enfants.

Écrans et enfants : une exposition progressive

Avant 3 ans, l’idéal est d’appliquer le « zéro écran », bien que ce soit difficile : « Cela devient vite épuisant de gérer les temps d’écran de chacun lorsqu’il y a différents âges à la maison », reconnaît la psychologue, qui préconise : « Quand le langage de l’enfant est de bonne qualité, on peut lui montrer un contenu au rythme lent, que l’on apprécie également. » Car le but est aussi de l’accompagner : « C’est crucial. Il a d’autant plus envie de parler des images qu’il voit qu’il n’est pas encore capable de prendre du recul sur ses émotions », ajoute Serge Tisseron. Entre 3 et 6 ans ? 30 minutes d’écran par jour « en variant les programmes comme on varie son alimentation », illustre le psychiatre, qui précise : « Et prévues à
un horaire fixe, afin que l’enfant apprenne à attendre et acquière l’auto-régulation, primordiale pour la suite. »

Règles communes et dialogue

Lorsque toute la famille suit les mêmes règles, l’exposition aux écrans est plus maîtrisée. Mais en pratique, ce n’est pas si simple : « Souvent, le collégien réclame un smartphone pour être apprécié de ses pairs. Or, l ’idéal serait d’attendre
au moins 15 ans », affirme la psychologue. « Et d’éviter la présence d’écrans la nuit dans la chambre à coucher », poursuit Serge Tisseron. Autres règles ? « Prendre ses repas ensemble, sans écran. S’en détacher au moins une heure avant le coucher, ne pas se précipiter dessus le matin, ni en rentrant le soir », énumère Sabine Duflo. Et, surtout, discuter de ses découvertes numériques, avec bienveillance et curiosité : « L’occasion pour les parents d’apprendre beaucoup, à leur tour »,conclut Serge Tisseron.