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Troubles de l'alimentation : quelle prise en charge ?

Anorexie mentale, boulimie, orthorexie, hyperphagie : selon la Fédération française Anorexie Boulimie, les troubles du comportement alimentaire touchent près d'un million de personnes en France. Comment les reconnaître et se faire accompagner ?


Aujourd'hui, Pauline, 32 ans, pèse 57 kilos pour 1m68 et assure avoir une alimentation équilibrée au cours de ses trois repas quotidiens. « C'est une fierté, car je reviens de loin : à 15 ans, on m'a diagnostiqué un trouble du comportement alimentaire, l'anorexie mentale. » Selon la trentenaire, cette maladie est arrivée de manière insidieuse : initialement, elle voulait seulement faire plus attention à son corps, à un âge où elle se souvient avoir été complexée par son physique. « Rapidement, le nombre de calories que j'ingérais est devenu une obsession. En parallèle, je me suis mise à faire beaucoup de sport pour perdre du poids. »


Des « déviances » dans la façon de s'alimenter

« L'obsession de la perte de poids avec la volonté de trop bien faire son régime » est en effet la première caractéristique de l'anorexie mentale selon Laure Brignon, psychiatre-psychothérapeute spécialisée dans les troubles du comportement alimentaire (Tca). Elle définit ces derniers comme des « déviances » dans la façon de s'alimenter par rapport à la population générale. « Dès que l'alimentation a des répercussions sur la santé mentale ou physique (dépression, dénutrition, carences, etc.) et sur la vie socioprofessionnelle, on peut parler de troubles alimentaires. »


Plusieurs types de Tca

Outre l'anorexie mentale, la spécialiste mentionne plusieurs autres Tca. « Les personnes qui souffrent de boulimie vont ingurgiter une quantité excessive de nourriture en un laps de temps réduit, puis développer des attitudes compensatoires  vomissements, prise de laxatifs, activité physique extrême  pour éliminer dans la foulée. » Lorsqu'il n'y a pas de compensation, il s'agit d'hyperphagie, un trouble que l'on retrouve chez les personnes atteintes d'obésité. Autre trouble moins connu : l'orthorexie, soit l'obsession de manger seulement des produits sains.  « La cause de ces Tca est multifactorielle : il peut y avoir un aspect génétique, un environnement familial dans lequel l'alimentation est un sujet de tensions, une pression sociale liée aux normes de beauté actuelles, etc. »


Un changement d'attitude

Laure Brignon explique aussi qu'un Tca s'accompagne souvent d'un changement d'attitude, ce qui doit alerter les proches : « La personne va avoir tendance à se renfermer, à être plus irritable, notamment sur les sujets liés à l'alimentation. » Elle précise par ailleurs que ces troubles concernent en majorité les femmes (neuf personnes sur dix) et particulièrement pendant l'adolescence. Pour en venir à bout, la spécialiste estime qu'une prise en charge médicale est nécessaire. « On ne peut pas soigner un Tca seul dans son coin. Une fois que la personne est consciente de son trouble, le plus simple est de trouver un centre spécialisé avec une équipe (psychiatre, psychomotricien, coach sportif, diététicien, etc.) qui va travailler de concert pour lui permettre de se réapproprier progressivement son schéma corporel. » Elle recommande enfin aux proches d'éviter le moment des repas pour parler de ce sujet, ce qui risquerait de braquer davantage la personne malade.


Laetitia Dive