Orthoprothésiste : au service de l’autonomie et du handicap
Orthoprothésiste : au service de l’autonomie et du handicap
Quand le handicap, la maladie ou un accident entraîne la perte d’un ou plusieurs membres, la pose de prothèses peut aider à retrouver une vie plus autonome. Les explications de Nicolas Philippe, orthoprothésiste passionné au sein de la société française Proteor.
Vous êtes orthoprothésiste depuis 17 ans, en quoi consiste votre métier ?
Nicolas Philippe : J’interviens auprès de patients en situation de handicap qui, sur ordonnance d’un médecin spécialisé, ont droit à un appareillage. Il s’agit de remplacer tout ou partie d’un membre (prothèse de jambe ou de bras) ou bien de soutenir une partie du corps à l’aide d’une orthèse (genouillère, coudière, corset…). Mon rôle consiste à déterminer précisément, avec le patient, son projet de vie et le type d’aide dont il a besoin pour réaliser l’appareillage adapté.
Quels sont les objectifs des patients qui s’adressent à vous ?
N.P. : C’est très variable d’un patient à un autre, et c’est ce qui rend le métier passionnant. Pour certains, il s’agit simplement de pouvoir de nouveau se déplacer au sein de leur domicile. D’autres expriment la volonté de reprendre la pratique d’un sport à haut niveau. Et chez d’autres encore, l’objectif est de soigner une pathologie comme la scoliose, par exemple, avec l’aide d’un corset qui permet de redresser la colonne vertébrale. En fonction des besoins et profils des patients, la Sécurité sociale module également le niveau de remboursement, et donc le niveau de performance de la prothèse.
Après avoir étudié le besoin du patient, comment travaillez-vous ?
N.P. : Tout se passe en étroite collaboration avec le patient et ses soignants, en particulier l’équipe mobilisée pour sa rééducation. En fonction des possibilités physiques de la personne, nous nous accordons sur un certain type d’appareillage. Vient ensuite la prise de mesures à l’aide d’une caméra 3D et la réalisation d’une première coque grâce à un logiciel de modélisation. De nombreux essayages, réglages et adaptations sont nécessaires avant de passer à la réalisation d’une prothèse définitive. Pour une prothèse de jambe par exemple, il faut souvent tester plusieurs types de pieds et/ou de genoux, dans des formes et matériaux différents avant de trouver celui qui conviendra le mieux à la physiologie et au ressenti du patient. Et comme les patients évoluent au rythme d’une rééducation qui peut modifier leurs besoins, nous les suivons tout au long de leur parcours avec généralement une réévaluation tous les trois ans pour adapter leur appareillage.
Quelle technique de fabrication utilisez-vous ?
N.P. : La méthode traditionnelle consistant à thermoformer une plaque de plastique avant de la découper à la main est en train d’être remplacée par l’impression 3D. Cette technologie permet d’obtenir une prothèse immédiatement conforme à la modélisation envisagée, sans déchet et avec un maximum de précision. Le domaine de la prothèse se perfectionne en permanence et nous voyons constamment de nouvelles technologies apparaître. Aujourd’hui, certaines sont équipées de capteurs qui détectent les muscles du membre résiduel pour actionner une main, par exemple. Demain, nous pouvons imaginer une technologie qui permettra à ce mouvement d’être directement piloté par le cerveau.
Chloé Dussère