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Tara Heuzé-Sarmini : son combat pour de nouvelles règles

PORTRAIT. A l’occasion de la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle, Vies de Famille a rencontré Tara Heuzé-Sarmini, fondatrice et directrice générale de Règles élémentaires, la première association française de lutte contre la précarité menstruelle. 

 

2 millions de femmes en France sont victimes de précarité menstruelle et manquent de produits d’hygiène intime. Pourtant, pouvoir vivre ses règles dignement est un droit primordial, que Tara Heuzé-Sarmini a décidé de faire valoir en France.

Lors de ses études en Angleterre, elle est sollicitée par une association étudiante pour faire de la collecte de produits d’hygiène intime. « Le problème de la précarité menstruelle m’a alors particulièrement choquée, car c’est une véritable atteinte à la dignité humaine et un obstacle supplémentaire à l’égalité entre les femmes et les hommes, raconte-t-elle. J’ai ensuite trouvé cela étrange qu’en France ce sujet soit inexistant. A mon retour à l’été 2015, j’ai décidé d’en parler autour de moi, à des professionnels de santé, à ma famille et à mon entourage. Il y avait une vraie méconnaissance et une ignorance du phénomène. »

A seulement 21 ans, elle décide alors de s’engager dans cette cause et lance la toute première collecte de produits d’hygiène intime en novembre 2015. « En trois jours, nous avons réussi à collecter plus de 30 000 produits », se rappelle-t-elle avec enthousiasme. Elle crée ainsi Règles élémentaires, la première association française de lutte contre la précarité menstruelle.
 

Briser un tabou…

L’objectif est double : collecter pour des organisations des produits d’hygiène intime et briser le tabou des règles. La plateforme de mobilisation citoyenne www.regleselementaires.com permet à n’importe qui d’organiser ces collectes en quelques clics. L’association multiplie les actions à travers des campagnes sur les réseaux sociaux, des ateliers auprès de femmes dans le besoin et des événements de sensibilisation un peu partout… et notamment à l’école.

« Chez les plus jeunes, les tabous sont très présents et malheureusement les règles ne sont pas vraiment abordées, remarque la fondatrice de Règles élémentaires. Ce silence crée de la gêne et perpétue le cercle vicieux de la précarité menstruelle qui occasionne des troubles physiologiques et psychologiques majeurs. » Elle en est persuadée : briser ce tabou le plus tôt possible peut avoir un impact positif et éviter qu’une « situation de précarité menstruelle stigmatise toute une vie ».
 

… pour changer les règles

Réussir à faire beaucoup en partant de zéro : tel a été le pari de Règles élémentaires et de sa fondatrice. En cinq ans, les mentalités ont évolué et de grands progrès ont été faits. « En 2015, personne ne parlait de précarité menstruelle. Aujourd’hui, c’est un sujet qui fait la Une des médias et qui a sa place dans les débats politiques français », constate Tara Heuzé-Sarmini avec fierté et émotion dans la voix.

« Grâce à notre action, nous avons obtenu la gratuité des protections hygiéniques dans les prisons, dans les universités en septembre prochain et un budget de 5 millions d’euros a été voté au niveau national pour la lutte contre la précarité menstruelle en 2021 », énumère la jeune femme, le sourire aux lèvres.

Elle reconnait qu’il reste encore beaucoup à faire et ajoute, comme elle aime le rappeler régulièrement, que « l’association Règles élémentaires aura accompli sa mission le jour où elle n’aura plus lieu d’être ».
 

Pour aller plus loin

Le site de Règles élémentaires

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