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Vers le numérique pour tous

Répondre à une offre d’emploi, chercher un logement, renouveler ses papiers d’identité… aujourd’hui, beaucoup de démarches se font de façon « dématérialisée ». Si l’usage du numérique est incontournable, de nombreuses personnes en sont pourtant exclues,avec des conséquences qui renforcent encore les inégalités. Pour enrayer ce cercle vicieux, les acteurs publics multiplient les initiatives et les actions d’inclusion numérique dans tous les territoires.


Selon les données 2021 de l’Insee, 15 % de la population de 15 ans et plus était en situation d’« illectronisme », l’équivalent de l’illettrisme dans le domaine du numérique : il s’agit soit d’une personne qui ne possède pas les compétences « de base » telles que répondre à une offre d’emploi en ligne ou trouver facilement une information sur le Net. Au total, plus de 8 millions de Français seraient concernés. Parmi eux, les personnes âgées, à faible niveau d’éducation et les ménages à revenus modestes sont les plus représentés.

Par exemple, seulement 42 % des individus sans diplôme effectuaient des démarches administratives via Internet en 2022, contre 82 % des diplômés de l’enseignement supérieur. L’accès à l’information, aux services administratifs et à l’éducation en ligne devient un défi pour ces personnes, créant un fossé entre les « inclus » et les « exclus » du numérique. Et non seulement la fracture numérique exacerbe les inégalités existantes, mais elle en crée de nouvelles : faire des études supérieures, postuler à une offre d’emploi, élaborer son CV… tout est plus difficile sans Internet. Les travailleurs non qualifiés numériquement sont également plus exposés au chômage et à la précarité que les autres. Une étude du journal Le Monde a montré qu’au moins 57 % des offres d’emploi sont inaccessibles aux débutants sans compétence numérique, les désavantageant sur le marché du travail et accentuant leur risque de chômage et de précarité économique. L’illectronisme n’est donc pas seulement un problème technique, mais un véritable enjeu social qui peut, si rien n’est fait au niveau des politiques publiques, s’aggraver avec le temps. De très nombreuses initiatives sont donc menées, pour favoriser l’éducation au numérique ou aider à l’acquisition d’un équipement – ordinateur ou abonnement Internet. Sur tous ces fronts, la collaboration entre les différents acteurs (l’État, les collectivités locales, les associations et les entreprises privées) est indispensable. 

 

Sensibiliser et former aux nouveaux usages du numérique. 

Ainsi, l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) a développé des dispositifs d’accompagnement personnalisé, notamment les conseillers numériques pour aider les citoyens à maîtriser les outils digitaux essentiels. Présents dans des lieux publics, notamment les France services, ces lieux implantés en milieu rural et dans les quartiers prioritaires des villes, les 4 000 conseillers numériques accompagnent les personnes fragiles dans leurs démarches. Les collectivités territoriales et les associations à vocation sociale jouent un rôle crucial,organisant des ateliers de formation et des séances de sensibilisation pour les populations les plus vulnérables telles que les personnes âgées, les chômeurs et les habitants des zones rurales.

Dans ce cadre, beaucoup de Caf, comme celle du Jura, ont mis en place des ateliers numériques, offrant aux des mises en pratique pour les familiariser
avec l’utilisation des outils informatiques et d’Internet. Dans certaines Caf, comme dans le Nord, il est même proposé des rendez-vous individuels pour autonomiser les
allocataires dans leurs démarches : le site caf.fr leur est présenté et les conseillers peuvent les aider à faire leurs démarches
en ligne une première fois, avec pour objectif de gagner en autonomie.

 

L’accès à internet grâce à un tarif solidaire

D’autres acteurs publics agissent directement sur le front économique pour équiper les à moindre coût. À Nantes, par exemple, une initiative publique permet à 1 000 logements sociaux d’accéder à Internet à un tarif solidaire de 2,90 € par mois. Des Caf, telle celle du Calvados, proposent un prêt équipement numérique de 500 euros, permettant aux familles modestes d’acquérir le matériel informatique nécessaire pour accéder aux services en ligne et effectuer leurs démarches administratives. Il reste encore beaucoup à faire pour mettre fi n à la fracture numérique. Les initiatives doivent non seulement se multiplier mais aussi s’adapter constamment aux évolutions technologiques et aux besoins spécifiques des populations ciblées. Il est crucial d’intensifier la sensibilisation et la formation continue pour assurer que tous les citoyens, indépendamment de leur âge, de leur niveau d’éducation ou de leur situation socio-économique, puissent bénéficier pleine ment des opportunités offertes par le numérique.La collaboration entre les différents acteurs (l’État, les collectivités locales, associations et entreprises privées) est indispensable. Car si les actions citées, qui ne sont que quelques exemples d’initiatives, montrent une volonté claire de réduire ces inégalités, elles sont aussi essentielles pour construire une société plus inclusive et connectée, qui ne laisse personne de côté.