École inclusive, quel bilan en 2023 ?

En France, des lois reconnaissent le droit d’aller à l’école, mais c’est celle de 2019 qui mentionne la scolarisation inclusive. De quoi parlons-nous exactement ? Où en est l’école inclusive en France en 2023 ? Quelles sont les perspectives ?

Selon la loi, l’école inclusive accueille tous les enfants, qu’ils soient ou non en situation de handicap. Elle met en place des solutions adaptées aux besoins particuliers de chaque élève, comme des aménagements physiques (rampes d’accès, ascenseurs…), pédagogiques (adaptation des supports, aide humaine…) et matériels (tables adaptées, ordinateurs, clavier Braille, dictaphone…). Chacun doit s’y sentir bien pour progresser à son rythme, selon ses capacités.
En pratique, les choses sont plus complexes, comme en témoigne Aurélie(1), la maman de Pierre(1), un petit garçon atteint de troubles du spectre autistique, scolarisé dans une école élémentaire ordinaire à Saint-Cyr-l’École (78) : « Nous sommes peu accompagnés dans les démarches administratives, et ces dernières sont très longues à aboutir. Par exemple, les thérapeutes ont déterminé que mon enfant avait besoin d’une aide humaine à temps complet pour pouvoir suivre en classe, se sociabiliser et respecter les règles d’hygiène. Mais nous n’avons obtenu l’aide d’une accompagnante d’élève en situation de handicap (Aesh) qu’à partir du mois de décembre et pour seulement 15 heures par semaine ! »
Certes, les moyens humains font défaut, mais l’Éducation nationale envisage dès la rentrée 2023 de rendre le métier plus attractif en rémunérant mieux les Aesh et en leur permettant d’accéder à un temps complet de 35 heures.

Une nécessaire transformation de l’école

Aujourd’hui, pour favoriser la scolarisation et répondre aux besoins éducatifs particuliers des élèves en situation de handicap, il faut d’abord saisir la maison départementale pour les personnes handicapées (Mdph) qui va nommer un enseignant référent pour évaluer les besoins et les compétences de l’élève. La Mdph élabore ensuite le projet personnalisé de scolarisation de l'élève. Cet outil organise et définit les modalités de déroulement de la scolarité, les mesures d’accompagnement nécessaires et les actions pédagogiques, éducatives, sociales, médicales et paramédicales répondant aux besoins de l'élève. La scolarisation peut être individuelle ou collective, en milieu ordinaire ou en établissement médico-social.
Une organisation qui vient s’intégrer au fonctionnement de l’école ordinaire déjà en place. « Dans la logique inclusive, c’est au contraire à l’école de s’adapter pour apporter une réponse scolaire au plus près des besoins des élèves, quel que soit leur handicap », résume Serge Thomazet, chercheur associé au laboratoire Acté(2) de l’Université Clermont Auvergne.
La mise en place de l’école inclusive suppose donc un changement de posture : « L’école doit se transformer totalement pour rendre possible la prise en compte des besoins éducatifs particuliers des élèves, et offrir des enseignements qui correspondent à leurs besoins afin qu’ils soient capables d’apprendre ce qui leur est enseigné » ajoute-t-il. Ce à quoi Marlène Fargues, trésorière de l’association Trisomie 21 France et maman d’un petit garçon concerné, précise : « En mettant l'accent sur l'inclusion, l'école favorise le développement global de chacun, en valorisant nos forces et en aidant à surmonter nos difficultés. »

Vers une meilleure accessibilité

Les pouvoirs publics prennent la mesure de l’enjeu. Lors de la conférence nationale du handicap, qui s’est tenue le 26 avril dernier, certaines mesures annoncées marquent une véritable inflexion en faveur de l’accessibilité avec notamment un renforcement des réponses de premier niveau (adaptation de la pédagogie, mobilisation du matériel pédagogique adapté, création de « pôles d’appui à la scolarité », premières interventions des professionnels du médico-social), une transformation radicale de l’accompagnement humain (création du métier d’accompagnant à la réussite éducative, rassemblant les actuels Aesh et assistants d’éducation) et un accompagnement médico-social renforcé et rénové (déploiement d’équipes mobiles médico-sociales). « Ces mesures vont dans le bon sens, mais leur mise en œuvre doit être précisée. C’est pourquoi nous appelons à la reprise d’un véritable processus de co-construction, avec toutes les parties concernées, pour concrétiser ces annonces », nuance Marlène Fargues.
L’école inclusive remplit un véritable enjeu de société qui va bien au-delà du handicap. En favorisant une éducation inclusive, la société reconnaît la valeur de chacun et cherche à construire un monde plus équitable et respectueux. « Ce n’est que de cette façon que l’école va rendre la société plus pérenne », conclut Serge Thomazet.

(1)    Les prénoms ont été changés
(2)    Activité Connaissance Transmission Éducation