Dans les coulisses du journal atypique Le Papotin

Depuis 2022, Les rencontres du Papotin sont diffusées sur France 2. Chaque épisode propose une interview de personnalité menée par des personnes atteintes de troubles du spectre autistique. Mais à l’origine de ce succès télévisuel, il y a un journal : Le Papotin.

Ils s’appellent Claire, Marvin, Babouillec, Rudy ou encore Arnaud et ils ont pour point commun d’être tous porteurs de troubles autistiques. Tous différents, ils expriment leur regard singulier, leurs goûts, leur art dans un journal né il y a 33 ans : Le Papotin. Décliné depuis dans un format télévisuel qui rassemble en moyenne 3 millions de téléspectateurs par épisode et entame sa troisième saison, ce journal a été créé à l’hôpital de jour d’Antony (92). « C’est à l’origine le projet d’un éducateur, Driss El Kesri, qui s’était rendu compte que les jeunes autistes parlaient beaucoup et avaient énormément de choses à dire, raconte Julien Bancilhon, psychologue et actuel rédacteur en chef du Papotin. C’est comme ça que l’idée de monter une activité « journal » est venue et qu’elle rassemble aujourd’hui une soixantaine de participants. »

Des ateliers jusqu’au papier 

Tous les mercredis, les membres du Papotin se réunissent à l’hôpital, ou parfois en dehors, avec une équipe d’animateurs mobilisés. Chacun peut venir avec une idée, un texte, des envies de sujets à développer, de personnes à interviewer, ou simplement l’envie d’être là. Ça discute, ça débat, ça crée… D’autres intervenants peuvent être également sollicités pour nourrir les échanges, comme des associations ou des artistes. Tout le matériau issu de ces ateliers est ensuite trié et compilé pour donner naissance, avec l’aide d’un maquettiste et d’un photographe professionnels mais aussi d’une personne chargée de la retranscription, à un journal de papier. Avec les années, la fréquence de parution a évolué et le journal est aujourd’hui annuel, mis en vente sur le site du Papotin et disponible sur abonnement. Au sommaire : beaucoup d’interviews et d’illustrations, mais aussi des poèmes.

Une initiative qui renverse les préjugés

Ce qui frappe, quand on lit le Papotin ou que l’on regarde Les Rencontres du Papotin, c’est qu’une autre vérité nous est donnée à voir. Par leur parole libre et spontanée, ces journalistes atypiques posent des questions et soulèvent des sujets bien souvent inédits. Contrairement à ce qui se produit dans les médias classiques, les invités du Papotin parlent très peu du dernier film ou du dernier album qu’ils sortent, ils peuvent être amenés à parler de la vie, de la famille ou de la mort dans une grande simplicité qui peut émouvoir ou faire rire. « Nous avons aussi envie de renverser un peu les choses, poursuit Julien Bancilhon. Les activités que nous menons avec les personnes atteintes de troubles du spectre autistique visent à leur donner une ouverture sur le monde, à leur donner accès à la culture mais, avec Le Papotin, ceux sont eux qui ouvrent aux autres les portes de leur culture, de leur regard qui est encore très peu visible dans l’espace public. » La devise du Papotin ? « On peut tout dire au Papotin ! » et, en tant que lecteurs, on veut tout lire !

Chloé Dussère