Salariés autistes Asperger : une richesse pour l’entreprise
Salariés autistes Asperger : une richesse pour l’entreprise
Depuis 2016, Avencod recrute des personnes porteuses du syndrome d’Asperger. Formation, cadre de travail adapté, accompagnement personnalisé… la start-up de sous-traitance informatique souhaite leur permettre d’intégrer des entreprises conventionnelles.
En France, le syndrome d'Asperger – un trouble du spectre autistique – concernerait environ 300 000 personnes, selon l’association Actions pour l’Autisme Asperger. Des personnes qui rencontrent souvent des difficultés à trouver un emploi stable, malgré leur potentiel.
« Ce sont des talents remarquables, intelligents et doués d’une grande capacité de concentration. Mais bien souvent leur insertion professionnelle est freinée, voire empêchée, en raison de leur difficulté à décoder les situations de la vie quotidienne », explique Laurent Delannoy, cofondateur et président d’Avencod. Pour ce dernier, il ne fait aucun doute : les personnes porteuses du syndrome d’Asperger peuvent pourtant être de véritables atouts pour les entreprises.
Afin de faciliter leur intégration professionnelle, ce chef d’entreprise a fondé avec Laurence Vanbergue, en mars 2016, cette start-up de sous-traitance informatique adaptée au handicap. L’entreprise niçoise accueille aujourd’hui vingt-cinq salariés, dont treize sont neuroatypiques*. Surnommés les « Avencodeurs », ils se voient confier des projets de développement informatique ou de tests de logiciels pour le compte d’entreprises externes.
Un environnement adapté à leur mode de fonctionnement
Si l’entreprise Avencod s’est tournée vers les métiers du numérique, ce n’est pas un hasard. « D’une part, nous manquons d’informaticiens en France, d’autre part, les personnes autistes, à la fin de leurs études, peinent à se doter d’une solide première expérience en raison de leurs particularités sur le plan relationnel, précise Laurent Delannoy. Nous leur proposons un environnement adapté qui prend en compte leur mode de fonctionnement. »
Absence de téléphone, utilisation de casques à réduction de bruit, accompagnement psychologique pour faciliter la libération de la parole… tout est pensé pour que les employés – très souvent touchés par une hypersensibilité sensorielle, au bruit par exemple – ne soient dérangés pendant leur travail.
« Ce cadre spécifique n’est pas difficile à mettre en place, et il permet de faciliter la concentration des salariés », explique le cofondateur d’Avencod. Résultat : la qualité des prestations et la rentabilité sont au rendez-vous, ce qui permet à la start-up de gagner en « crédibilité auprès des entreprises du secteur ».
Une insertion progressive au sein d’entreprises conventionnelles
En plus de proposer un cadre adapté à ses salariés neuroatypiques, la start-up souhaite leur apporter les « codes sociaux » qui leur seront nécessaires dans leur future vie professionnelle. Car l’objectif premier d’Avencod est de les aider à rejoindre des entreprises conventionnelles.
« Dans un premier temps, nos équipes travaillent dans nos locaux. Mais avec le temps, elles sont intégrées une journée par semaine chez les clients. Puis, nous augmentons progressivement la durée de leur présence, moyennant une sensibilisation des ressources humaines, poursuit Laurent Delannoy. Cette intégration amène aussi les entreprises à atteindre leurs objectifs en matière de Rse et d’inclusion. »
Forts de ces expériences, cinq salariés ont quitté Avencod ces deux dernières années : « Un pour reprendre ses études, un autre pour créer son entreprise, et trois sont partis vers des structures conventionnelles », précise le chef d’entreprise, enthousiaste d’avoir facilité leur intégration en milieu ordinaire.
* Ce terme définit un fonctionnement cognitif qui diffère de la norme. Le terme rassemble aussi bien les Tsa (troubles du spectre de l'autisme, qui incluent le syndrome d'Asperger) et les troubles « Dys » (dyslexie, dyspraxie, dyscalculie, dysorthographie etc.)
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