Violences sexuelles : les mots pour en parler aux enfants
Violences sexuelles : les mots pour en parler aux enfants
Il est des conversations difficiles, mais indispensables. « Aborder la question des violences sexuelles avec ses enfants est fondamental, explique Mélanie Dupont*, psychologue auprès d’enfants victimes de violences sexuelles à l’unité médico-judiciaire de l'Hôtel-Dieu à Paris. Cela devrait faire partie du discours de prévention de tout parent, comme apprendre à regarder à droite et à gauche avant de traverser. »
Le plus souvent, les recommandations des parents sont tournées vers l’extérieur : « Tu ne dois pas t’adresser aux inconnus, tu ne les suis pas… » « Mais ce n’est pas tout à fait pertinent, car 80 % des violences faites aux enfants sont commises par des proches** », rappelle la psychologue.
Lancer la discussion peut être délicat, reconnaît-elle. « Si vous ne vous sentez pas en capacité d’en parler, mieux vaut ne pas vous forcer, car l’enfant aura le sentiment que c’est un sujet tabou, ce qui peut être contre-productif. Dans ce cas, n’hésitez pas à faire appel à un joker, comme un proche ou le médecin de famille, qui peut tout à fait s’en charger. »
Le premier message à transmettre est « Ton corps t’appartient ». Dès la maternelle, « cette connaissance du corps est essentielle, car un enfant qui ne connaît pas son corps ne peut pas avoir conscience de ce qui lui arrive », souligne Pierrelune Betrancourt, responsable de la prévention de l’association Enfance et partage.
Le discours doit évidemment être adapté à son âge. A partir de 2-3 ans, vous pouvez lui apprendre (lors du bain par exemple) à nommer les différentes parties de son corps, dont les parties génitales, en utilisant les mots simples du quotidien (« zizi », « zézette », « fesses »…). Dans le même temps, expliquez-lui que ce corps doit être protégé. Plus tard, vous pourrez aborder des notions plus complexes, comme celle du consentement.
Dans tous les cas, l’objectif est de lui permettre de comprendre quand la situation devient anormale. « Il faut qu’il y ait un clignotant qui s’allume », prévient Pierrelune Betrancourt. Ce qui implique de mettre des mots très concrets sur ce qu’un adulte peut faire et toucher, et ce qui est interdit.
L’idée est de lui apprendre à « délimiter son espace, et de lui expliquer qu’il n’a pas à subir quoi que ce soit qui lui déplaît sur son corps, même s’il s’agit de papa, de maman, ou d’un médecin », complète Mélanie Dupont. Il faut aussi lui rappeler que dans une telle situation, il a le droit de dire « non » ou « stop », et qu’il peut partir.
Attention à ne pas le culpabiliser pour autant, met en garde Mélanie Dupont : « Pour un enfant, il peut être très compliqué de dire non », en particulier lorsque l’agresseur est un proche. « Il est donc important d’insister sur le fait que s’il n’a pas pu dire "non", ce n’est pas grave, et que c’est toujours la faute de l’adulte, jamais de l’enfant. »
A la fin de la conversation, votre enfant doit avoir le sentiment qu’en cas de problème, il peut vous en parler directement, qu’il ne doit pas y avoir de « secret ». Là encore, la réalité n’est pas toujours aussi simple : « Les enfants ont souvent honte de ce qui leur est arrivé, ils se sentent coupables. Cela peut être compliqué pour eux d’en parler à papa ou maman », rappelle la psychologue. D’où l’intérêt d’identifier avec lui des personnes-relais (grands-parents, professeurs, copains…) auxquelles il pourrait se confier.
Enfin, évoquer le sujet sous différents angles permet de renforcer la prévention. Vous pouvez notamment lui parler du 119, le service national d’écoute de l’Enfance en danger, joignable gratuitement 24 heures sur 24, y compris par les mineurs.
C’est l’occasion d’engager la discussion, d’expliquer que les enfants et les adolescents peuvent être victimes de maltraitance, et qu’il existe un numéro pour se faire aider, si lui ou l’un de ses camarades y est confronté.
* Mélanie Dupont est présidente du Centre de victimologie pour mineurs
** Selon une étude Ipsos de 2020, un Français sur dix affirme avoir été victime d’inceste
Le plus souvent, les recommandations des parents sont tournées vers l’extérieur : « Tu ne dois pas t’adresser aux inconnus, tu ne les suis pas… » « Mais ce n’est pas tout à fait pertinent, car 80 % des violences faites aux enfants sont commises par des proches** », rappelle la psychologue.
Lancer la discussion peut être délicat, reconnaît-elle. « Si vous ne vous sentez pas en capacité d’en parler, mieux vaut ne pas vous forcer, car l’enfant aura le sentiment que c’est un sujet tabou, ce qui peut être contre-productif. Dans ce cas, n’hésitez pas à faire appel à un joker, comme un proche ou le médecin de famille, qui peut tout à fait s’en charger. »
Ton corps est à toi
Le premier message à transmettre est « Ton corps t’appartient ». Dès la maternelle, « cette connaissance du corps est essentielle, car un enfant qui ne connaît pas son corps ne peut pas avoir conscience de ce qui lui arrive », souligne Pierrelune Betrancourt, responsable de la prévention de l’association Enfance et partage.
Le discours doit évidemment être adapté à son âge. A partir de 2-3 ans, vous pouvez lui apprendre (lors du bain par exemple) à nommer les différentes parties de son corps, dont les parties génitales, en utilisant les mots simples du quotidien (« zizi », « zézette », « fesses »…). Dans le même temps, expliquez-lui que ce corps doit être protégé. Plus tard, vous pourrez aborder des notions plus complexes, comme celle du consentement.
« Un clignotant qui s’allume »
Dans tous les cas, l’objectif est de lui permettre de comprendre quand la situation devient anormale. « Il faut qu’il y ait un clignotant qui s’allume », prévient Pierrelune Betrancourt. Ce qui implique de mettre des mots très concrets sur ce qu’un adulte peut faire et toucher, et ce qui est interdit.
L’idée est de lui apprendre à « délimiter son espace, et de lui expliquer qu’il n’a pas à subir quoi que ce soit qui lui déplaît sur son corps, même s’il s’agit de papa, de maman, ou d’un médecin », complète Mélanie Dupont. Il faut aussi lui rappeler que dans une telle situation, il a le droit de dire « non » ou « stop », et qu’il peut partir.
Attention à ne pas le culpabiliser pour autant, met en garde Mélanie Dupont : « Pour un enfant, il peut être très compliqué de dire non », en particulier lorsque l’agresseur est un proche. « Il est donc important d’insister sur le fait que s’il n’a pas pu dire "non", ce n’est pas grave, et que c’est toujours la faute de l’adulte, jamais de l’enfant. »
Identifier des personnes-relais
A la fin de la conversation, votre enfant doit avoir le sentiment qu’en cas de problème, il peut vous en parler directement, qu’il ne doit pas y avoir de « secret ». Là encore, la réalité n’est pas toujours aussi simple : « Les enfants ont souvent honte de ce qui leur est arrivé, ils se sentent coupables. Cela peut être compliqué pour eux d’en parler à papa ou maman », rappelle la psychologue. D’où l’intérêt d’identifier avec lui des personnes-relais (grands-parents, professeurs, copains…) auxquelles il pourrait se confier.
Enfin, évoquer le sujet sous différents angles permet de renforcer la prévention. Vous pouvez notamment lui parler du 119, le service national d’écoute de l’Enfance en danger, joignable gratuitement 24 heures sur 24, y compris par les mineurs.
C’est l’occasion d’engager la discussion, d’expliquer que les enfants et les adolescents peuvent être victimes de maltraitance, et qu’il existe un numéro pour se faire aider, si lui ou l’un de ses camarades y est confronté.
* Mélanie Dupont est présidente du Centre de victimologie pour mineurs
** Selon une étude Ipsos de 2020, un Français sur dix affirme avoir été victime d’inceste
Des outils pour trouver les mots justes
- A partir de la maternelle :
« J’aime mon corps » (Bayard Presse), un livre pour les tout-petits, dès 3 ans.
- A partir de l’école primaire :
- La vidéo d’1 jour, 1 question « C’est quoi les violences sexuelles sur les enfants ? »
- Le podcast Salut l’info sur l’inceste
- Le livret et les vidéos « Stop aux violences sexuelles faites aux enfants » pour les 7-13 ans
- A partir du collège :
Les vidéos proposées par le Centre de victimologie pour mineurs