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Un numéro pour les femmes handicapées victimes de violences

INTERVIEW. 80 % des femmes handicapées subissent des violences. L’association Femmes pour le dire, femmes pour agir (Fdfa) propose un numéro d’écoute pour les accompagner. Entretien avec Marie Conrozier, chargée de mission « lutte contre les violences ».

 

Vies de famille : Ecoute violences femmes handicapées existe depuis 2015. Quel est ce dispositif ?

Marie Conrozier : C’est la première permanence d’accompagnement en France dédiée aux femmes handicapées victimes de violences et/ou de maltraitances. Le numéro d’écoute, 01 40 47 06 06*, est ouvert le lundi de 10 h à 13 h et de 14 h 30 à 17 h 30, et le jeudi de 10 h à 13 h. Les bénévoles au bout du fil sont là avant tout pour écouter, mais aussi pour proposer des accompagnements adaptés.

Nous conseillons des rendez-vous avec des professionnelles qui travaillent avec nous. Par exemple, de nombreuses appelantes sont orientées vers notre avocate pour avoir des conseils sur le dépôt d’une plainte. Notre assistante sociale peut aider à écrire de nombreux courriers pour relancer des démarches administratives. Notre écrivaine publique peut aussi aider à remplir des dossiers d’aide juridictionnelle. Enfin, la psychologue accueille de nombreuses femmes avec un handicap psychique et propose une écoute approfondie en face à face. Elles prennent véritablement le temps pour expliquer, orienter et conseiller, ce qui n’est pas toujours possible en dehors d’un cadre associatif.
 

De quelles violences sont victimes les femmes qui vous appellent ?

Nous recevons la parole de toutes les femmes handicapées, quel que soit leur handicap et quelles que soient les violences dont elles sont victimes. Ce peut être pour dénoncer des violences psychologiques, physiques, sexuelles, ou économiques commises par son conjoint ou par d’autres membres de la famille. Certaines femmes dénoncent également des violences sexuelles au sein d’une institution, des violences verbales faites par le voisinage ou encore des violences administratives dans le cas où des policiers refuseraient de prendre une plainte par exemple.
 

Que recherchent les femmes qui composent ce numéro d’écoute ?

Les femmes en situation de vulnérabilité peuvent se sentir isolées face aux violences. Pour une grande majorité de nos appels, nombreuses sont celles qui expriment uniquement l’envie de se faire écouter. Il y a un vrai besoin d’avoir un espace de parole libre, car beaucoup de femmes n’ont pas forcément la possibilité de se confier dans leur vie quotidienne.

Pour les femmes victimes de violences conjugales, maltraitées par un membre de la famille ou par un aidant, parler avec l’une de nos bénévoles permet de mettre des mots sur une situation, d’expliquer ce qui se passe, sans forcément vouloir porter plainte. Nous respectons la parole et les envies de ces femmes qui ont parfois besoin de temps. L’écoutante fait savoir que l’association est évidemment là pour elle si après le « dire » lui vient l’envie « d’agir ».

* Appel anonyme non surtaxé
 

Une association en lutte contre les discriminations

Femmes pour le dire, femmes pour agir (Fdfa) a été créée en 2003 par Maudy Piot, aujourd’hui décédée, psychanalyste et militante féministe, atteinte d’une maladie dégénérative qui lui a fait perdre la vue. La structure souhaite promouvoir la place des femmes handicapées dans la société et lutter contre les discriminations, notamment celles liées au genre et au handicap.

Pour aller plus loin

Le site de l’association Femmes pour le dire, femmes pour agir

Le site arretonslesviolences.gouv.fr

Notre émission « Violences conjugales : comment sortir de l'enfer ? »

Notre dossier « Sortir de l’enfer des violences conjugales »

Nos articles

« Harcèlement moral au travail : comment s’en sortir ? »

« "Les violences envers les femmes concernent tous les milieux" »

« Agressions sexuelles : quand c’est non, c’est non ! »

« Harcèlement scolaire : comment stopper l’engrenage ? »
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