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Travail des enfants, un fléau à combattre de toute urgence

INTERVIEW. Du 15 au 20 mai se tient à Durban, en Afrique du Sud, la 5e conférence mondiale sur l’élimination du travail des enfants. Le point sur la situation actuelle avec Thomas Wissing, responsable de l’Unité de sensibilisation et de partenariats de l’Organisation internationale du travail.

 

Vies de Famille. Aujourd’hui, 160 millions d’enfants sont astreints au travail forcé dans le monde. Comment est-ce possible ?

Thomas Wissing : Certes, le travail des enfants demeure un problème persistant dans le monde. La pauvreté et l’incertitude économique en sont à l’origine. Pour autant, près de 86 millions d’enfants ont été soustraits au travail forcé depuis 2000, passant de 246 à 160 millions. Preuve que ce fléau n’est pas inéluctable, si tant est que des réponses politiques urgentes soient apportées, comme un renforcement des mesures de soutien au revenu des familles en situation de vulnérabilité, ou encore des campagnes de rescolarisation des enfants.

 

Quelles sont les régions du monde et les secteurs les plus concernés ?

Il y a aujourd’hui plus d’enfants astreints au travail forcé en Afrique subsaharienne que dans tout le reste du monde, du fait notamment de la stagnation économique, des guerres, des conflits locaux et des activités informelles (économie souterraine) qui touchent une grande partie de la population. Et l’agriculture est toujours le secteur où persiste l’essentiel du travail des enfants : 72 % des enfants travaillent au sein de la cellule familiale, principalement dans une exploitation agricole familiale ou une microentreprise familiale.

 

Le rapport de l’Oit et de l’Unicef paru en 2020 souligne que la lutte mondiale contre le travail des enfants est « au point mort » depuis 2016. Pour quelles raisons ?

Le pourcentage d’enfants astreints au travail forcé est demeuré inchangé entre 2016 et 2020, tandis que le nombre absolu d’enfants a augmenté de plus de 8 millions. Pour autant, la situation à l’échelle mondiale occulte les progrès réels accomplis pour éliminer le travail des enfants, notamment dans les régions d’Asie et Pacifique, et d’Amérique latine et Caraïbes. Dans ces 2 zones, la baisse du travail des enfants s’est poursuivie au cours de ces 4 années, en pourcentage et en chiffres absolus.

 

La crise sanitaire a-t-elle eu un impact sur le travail des enfants ?

Oui. Du fait de l’aggravation de la pauvreté et de la déscolarisation attribuables à la pandémie, la crise sanitaire menace les progrès acquis antérieurement. Les conséquences de la Covid-19 dépendent en grande partie des réponses politiques apportées. Un scénario démontre l’énorme incidence à court terme de la protection sociale sur le travail des enfants, qui contrebalance largement les retombées de la Covid-19.

 

Quelle priorité est à l’ordre du jour à Durban ?

Cette cinquième conférence mondiale est l’occasion d’évaluer les progrès accomplis, de discuter des bonnes pratiques mises en œuvre par les différents acteurs du monde entier et d’identifier les lacunes et les mesures urgentes nécessaires pour accélérer l’élimination du travail des enfants et du travail forcé.

 

Comment peut-on s’engager à titre personnel ?

S’informer pour comprendre, consommer plus responsable et, bien sûr, se rapprocher d’une organisation non gouvernementale, d’un syndicat ou d’une association humanitaire qui se battent pour protéger le droit des enfants à apprendre et à jouer.
 

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