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Reconversion professionnelle : « L’appel de la forêt »

À 45 ans, Stéphane Pralet s’adonne à l’arboriculture et au maraîchage dans son village du Vercors. Très loin des métadonnées et des simulations numériques qui jalonnaient ses journées d’informaticien. Une reconversion pour enraciner des convictions.

 

Vies de famille : Une reconversion, ça se prépare ?
Stéphane Pralet : Devenir arboriculteur et maraîcher, à mon âge, ce n’est pas un coup de tête, mais une mûre réflexion. Après avoir fait Polytechnique et une école d’ingénieurs, j’ai mené une carrière d’informaticien en Belgique puis à Grenoble. Ayant l’opportunité de faire du télétravail, je me suis installé en 2017 en famille à Autrans, un petit village niché sur le plateau du Vercors. Puis, peu à peu, l’idée que ce que je faisais était loin d’être suffisant face à l’urgence climatique a germé dans mon esprit. J’étais à la recherche d’un sentiment d’utilité.
 

VDF : Y-a-t-il eu un déclic ?
S.P. : Plusieurs. Certaines implications de mon métier me paraissaient utiles, comme réaliser des simulations numériques pour la médecine ou la météorologie, mais d’autres beaucoup moins, comme le ciblage marketing… Mes grands-parents étaient agriculteurs-éleveurs dans le Jura. J’ai vécu ce quotidien. Ils avaient quelques vergers. Cette authenticité est restée en moi. D’un point de vue technique, j’ai commencé à m’informer sur le sujet. Certaines lectures ont nourri mon projet, notamment le best-seller de Jean-Martin Fortier Le jardinier-maraîcher. Pour me former, j’ai ensuite passé un bac pro productions horticoles en alternance.
 

VDF : Et ensuite ?
S.P. : Durant deux ans, j’étais en double activité : 80 % en informatique et 20 % sur mon projet. Le temps de planter quelques 500 arbres sur un terrain d’un peu plus d’un hectare. Mon quotidien est fait désormais de pommiers, pruniers, cerisiers, poiriers, cognassiers, quelques pêchers et kiwaïs (ou kiwis de Sibérie), mais aussi de choux-raves, potirons et poireaux pour la partie maraîchage. Je sélectionne des variétés qui se prêtent au climat d’ici. Tout est bio (ou en conversion) ! Je commercialise pour l’instant en direct, mais je démarche aussi les restaurations collectives du plateau, notamment celle qui alimente l’école de mes deux fils. Avec ce changement de vie, ils voient enfin concrètement le fruit mon travail.
 

VDF : Quelles sont les difficultés ?
S.P. : Généralement, c’est un métier qui se transmet de génération en génération. Quand vous reprenez la ferme familiale, vous héritez du travail, du patrimoine, des souvenirs de vos aïeux. Je suis parti d’un terrain vierge. Il faut une réelle polyvalence : le quotidien d’une activité agricole est une activité multitâche et il faut avoir aussi bien des compétences en mécanique, qu’en bricolage, en gestion, en commerce… Beaucoup de gens ici ont des projets connexes au mien, on s’entraide. C’est très enrichissant. Là où il y a du sens, la solidarité se fait naturellement.

 

Pour aller plus loin : 

« Mon conseil en évolution professionnelle » sur le site mon-cep.org

« Reconversion ou promotion par alternance, Pro-A » sur le site du ministère du Travail, de l‘Emploi et de l’Insertion

« Les opérateurs de compétences (Opco) » sur le site du ministère du Travail, de l‘Emploi et de l’Insertion

« Reconversion professionnelle : et si vous sautiez le pas ? » sur le site de Pôle emploi

Reconversion professionnelle et allocations chômage sur le site de Pôle emploi

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