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Marie Bochet, handisportive : "Il faut croire en ses rêves"

INTERVIEW. A 27 ans, Marie Bochet, est skieuse handisport et huit fois championne paralympique*. Originaire de Beaufort en Savoie, elle skie depuis son plus jeune âge. Pour le magazine Vies de famille, elle revient sur son parcours jusqu’aux sommets. 

 

Vies de famille : Quand avez-vous commencé le ski ?

Marie Bochet : J’ai commencé toute petite, en maternelle. Dès 5 ans, j’ai adhéré, comme mon frère, au club des sports des Saisies – station de sports d’hiver en Savoie. Le ski est le sport local, y compris au niveau scolaire. J’ai tout de suite aimé skier, mais je ne pensais pas à la compétition.
 

Justement, comment êtes-vous venue à la compétition ?

En 6e, je suis entrée au collège à Albertville (Savoie), en section ski, et parallèlement j’ai rejoint le club handisport de la ville car je suis née avec une malformation au niveau du bras [elle est née sans avant-bras gauche]. Avec le club, je suis entrée dans la compétition rapidement, d’abord nationale avec les coupes et les championnats de France, puis européenne et mondiale : coupes du monde, puis Jeux paralympiques de Vancouver en 2010. J’avais alors 16 ans.
 

Comment vivez-vous votre handicap dans le sport ?

Pour les entraînements, cela nécessite de petits ajustements, je fais les exercices différemment. Et pour le ski, c’est pareil, comme pour les handiskieurs en fauteuil, il y a des adaptations. Mais nous sommes avant tout des skieurs, des athlètes. Le plus important, ce sont nos performances. Nos handicaps, nous vivons avec, mais nous ne les voyons plus, et les personnes qui nous entourent non plus. Cela montre bien que c’est possible.
 

Que vous apprend le sport de compétition ?

A me dépasser, comme pour tout sportif de haut niveau. Mais je ne suis pas quelqu’un qui aime écraser les autres. Mes valeurs et mon éducation m’ont appris l’abnégation. Mes parents sont agriculteurs, ils m’ont transmis le goût de l’effort ainsi qu’à mes frères et sœurs. Pour arriver au podium, il faut beaucoup de travail et de volonté. Mais ce que m’apprend la compétition, avant tout, c’est à vivre avec les autres. Lorsqu’on évolue en club, on passe notre temps en déplacements, on vit en groupe en permanence. Il n’y a pas mieux pour apprendre la tolérance et le respect de l’autre.
 

Quels conseils donneriez-vous aux personnes en situation de handicap ?

La première chose est d’apprendre à s’accepter, ce qui est loin d’être simple. Et cela dépend du handicap que l’on a bien sûr. Cela passe par le fait de bien se connaître, et d'apprendre à écouter son corps. L’autre conseil, c’est de ne pas se fermer de porte, de croire en ses rêves et de tout faire pour les réaliser. Si on n’essaie pas, on n’y arrive pas.
 

Le handisport est-il assez présent dans les médias, selon vous ?

Non, mais cela progresse quand même. Depuis les Jeux de Londres en 2012, on voit une amélioration. L’avantage, c’est qu’on touche un public plus large, du coup, cela débloque des vocations. C’est ce que je voudrais initier pour mon après-carrière : le rôle d’inspiratrice. Pour l’instant je n’ai pas le temps, mais il y a beaucoup à faire pour montrer un autre visage du handicap, et surtout prouver que, lorsqu’on y croit, tout est possible.

* Les Jeux paralympiques sont l’équivalent des Jeux olympiques pour les sportifs en situation de handicap. Ils se tiennent également tous les quatre ans.

 

Son palmarès

- 98 victoires en coupe du monde
- 20 médailles d'or aux championnats du monde
- 8 médailles d’or aux Jeux paralympiques 2014 et 2018 (descente, super-G, géant et slalom)

 


 
 
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