Les pensions de famille : être chez soi, mais pas tout seul
Les pensions de famille : être chez soi, mais pas tout seul
Les pensions de famille proposent des logements durables à des personnes en situation d’exclusion, isolées ou ayant connu un parcours « de rue ». Avec un accompagnement et de la compagnie, elles peuvent se reconstruire, comme à la pension Guynemer à Caen.
Créée par Adoma en 2013, cette pension de famille compte 25 logements de 21m2, tous identiques. Antonella Tomat, sa responsable, gère avec Alexandra, animatrice, cette résidence adaptée à des personnes fragiles, vulnérables, souvent en rupture familiale. 9 femmes et 16 hommes réapprennent ici à s’occuper d’un logement, retrouvent de l’autonomie et des relations humaines. « Certains ont du mal à se gérer, en raison de troubles psychiques, de problèmes d’addiction, de parcours de vie douloureux. Je les aide dans leurs difficultés administratives ou médicales, en faisant avec eux. J’accueille les nouveaux résidents et leur explique les règles de vie : la vie dans son appartement, les moments collectifs, l’interdiction de l’alcool et de la violence. » Pour tirer le meilleur de cette solution de logement adapté, encore faut-il que ce soit le bon moment pour la personne, qu’elle soit prête à s’impliquer dans la vie collective, pour sortir de son isolement.
Un outil de lutte contre l’exclusion
Antonella et Alexandra sont présentes du lundi au samedi midi et la porte de leur bureau est toujours ouverte. Chaque journée commence avec un café dans la pièce commune. « Vient qui veut, c’est une façon de démarrer et d’échanger quelques mots en lisant le journal ! » Chaque semaine, elles proposent des activités aux résidents, auxquelles ils sont libres de participer : sorties, jeux, repas partagés… Cette année, le projet socio-éducatif collectif est basé sur l’art, avec la réalisation d’une grande fresque sur le mur du jardin, des sorties à l’artothèque et un concours de fabrication d’épouvantails avec les enfants du quartier, pour s’ouvrir aux habitants. Jean-Luc, 55 ans, ancien docker, vit ici depuis deux ans : « Avant, je buvais pour passer le temps et mon appartement était dans un état lamentable. Ici, j’aime le fait de ne pas vivre seul, de participer à l’atelier cuisine tous les vendredis et de discuter avec les autres. Je m‘entends bien avec tout le monde, d’ailleurs quand ma télé est tombée en panne, mon voisin m’a proposé de venir la regarder chez lui. » Dans ce cadre de vie rassurant, Nathalie, 52 ans, a aussi pu se reconstruire après de graves séquelles de maltraitance. « Enfin, je me sens en sécurité, j’ai pu passer à autre chose et me faire des amis. Grâce aux activités et à la proximité de tout, je ne me sens jamais seule et on m’a bien aidée pour mes démarches. Je me vois finir mes jours ici ! »
La resocialisation, la reprise de confiance, des soins infirmiers pour suivre son traitement correctement, une fin de vie digne pour les plus âgés… Ici, on prend le temps de faire les choses avec humanité et avec les autres. « Il faut de la maturité, de l’autorité, mais aussi de l’humilité et de l’empathie dans ces fonctions, pour prendre en compte leur vie d’avant et apprendre tous les jours. Un résident qui retrouve le sourire, qui annonce qu’il a passé une bonne journée, c’est ça qui nous fait avancer ! » conclue Antonella.
Les résidents des pensions de famille paient une mensuelle qui couvre tous les frais d’occupation de leur logement (environ 450 € chez Adoma, ramenés de 88 à 250 € selon les aides — Apl notamment — perçues par chacun). Le plan de relance gouvernemental prévoyait 10 000 logements supplémentaires en pensions de famille pour 2022. Bilan à suivre de près dans un contexte économique qui malmène les plus fragiles.
Pour aller plus loin
Qu’est-ce qu’une pension de famille ?
Le 115 ou SIAO gère l’accueil et l’orientation de personnes en difficulté avec des besoins d’hébergement d’urgence ou de logement adapté. Adoma, Habitat et Humanisme… proposent des pensions de famille
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