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« L’eczéma est différent pour chaque patient »

INTERVIEW. L’eczéma est une maladie cutanée chronique qui se manifeste sous forme de poussées, et dont les symptômes varient d’un individu à l’autre. Le point avec la professeure Angèle Soria, dermato-allergologue à l’AP-HP et membre de la Société Française de Dermatologie.

 

Vies de Famille. Le 4 juin a lieu la Journée nationale de l’eczéma. De quoi s’agit-il ?


Professeure Angèle Soria : Cette manifestation permet de faire connaître au grand public une maladie assez fréquente et de rappeler qu’il existe des traitements efficaces. L’occasion aussi de mettre les patients en relation les uns avec les autres, notamment via des associations.

 

L’eczéma, c’est quoi au juste ?

C’est une maladie inflammatoire de la peau qui se manifeste par des vésicules qui démangent (prurit). La forme la plus fréquente est l’eczéma atopique. Elle concerne en moyenne 10 % de la population en Occident, et jusqu’à 20 % des enfants qui naissent.
Une autre forme connue de la maladie est l’eczéma allergique de contact. Une réaction cutanée va se développer en regard de la zone de contact avec une substance sensibilisante dite « allergisante » (comme certains ingrédients de type conservateurs des cosmétiques, le nickel présent dans les bijoux…). Il s’agit là d’un eczéma très localisé, mais qui peut se généraliser.

 

Comment se manifeste-t-il ?

L’eczéma atopique, aussi appelé dermatite atopique, est une maladie inflammatoire chronique de la peau qui est multifactorielle. Elle est liée à une conjonction de facteurs (génétiques, environnementaux et immunologiques) qui contribuent à des anomalies de la fonction barrière de la peau.


Quels sont les traitements possibles ?

Pour les formes d’eczéma légères à modérées, qui ont un retentissement sur la vie quotidienne, le traitement le plus courant est l’application d’une crème anti-inflammatoire, qui agit sur l’inflammation cutanée, les rougeurs et les démangeaisons, et d’une crème hydratante, qui permet en quelque sorte de reconstituer la barrière qui est altéré au niveau de l’épiderme. Ces formes d’eczéma légères à modérées sont les plus fréquentes.
Pour les formes plus sévères, qui ont un retentissement sur la qualité de vie (sommeil, relations sociales…), de nombreux traitements existent : des séances de photothérapie (Uvb) chez le dermatologue, des immunosuppresseurs, des injections d’anticorps monoclonaux ou encore des inhibiteurs de Jak/Stat.

 

Y a-t-il des avancées thérapeutiques majeures ?

Depuis quelques années seulement, nous avons d’autres possibilités thérapeutiques que les immunosuppresseurs. En effet, les injections d’anticorps monoclonaux et les inhibiteurs de Jak/Stat sont des avancées thérapeutiques majeures chez les personnes atteintes de dermatite atopique modérée à sévère. De nombreux essais cliniques sont en cours pour trouver de nouvelles molécules capables de traiter les patients les plus sévères.

 

Quels sont les enjeux de demain ?

Aller vers une médecine de plus en plus personnalisée, avec des traitements sur-mesure, car pour chaque patient l’eczéma est différent.

 

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