L’asthme, une maladie chronique encore trop peu reconnue
L’asthme, une maladie chronique encore trop peu reconnue
INTERVIEW. À l’occasion de la Journée mondiale de l’asthme, le 3 mai 2022, le Professeur Gilles Garcia, pneumologue et président de l’association Asthme & Allergies fait le point sur cette pathologie inflammatoire qui affecte les bronches.
Vies de famille : Qu’est-ce que l’asthme ?
Professeur Gilles Garcia : C’est l’une des maladies chroniques les plus fréquentes en France. Elle concerne plus de 4 millions de personnes et provoque 900 décès par an. Cette pathologie reste pourtant mal reconnue et sous-estimée. Responsable de symptômes très variés liés à l’inflammation des bronches (sifflement, toux, sensation de poids sur la poitrine, essoufflement, réveils nocturnes, bronchites…), l’asthme n’est pas toujours une maladie facile à diagnostiquer. Ce qui conduit une grande majorité de patients à continuer de souffrir de symptômes gênants au quotidien, car leur asthme n’est pas détecté ou alors insuffisamment contrôlé.
Quel est le profil des patients concernés ?
Il n’y a pas de profil type et cette maladie touche 6 à 7 % de la population française. Il existe aussi une forme particulière d’asthme sévère, qui ne concerne que 3,5 à 5 % de la population asthmatique. Par ailleurs, 6 à 7 % des femmes peuvent parfois voir leurs symptômes s’amplifier au cours d’une grossesse.
En cas de doute, qui faut-il consulter ?
Le médecin généraliste est souvent le premier relais pour le diagnostic, mais il est parfois utile d’être redirigé vers un pneumologue et/ou un allergologue pour réaliser des tests de souffle, faire un bilan des allergies…
Quels sont les traitements possibles ?
Il existe des médicaments de secours qui doivent être pris en cas de symptômes ou avant un exercice physique. Ils ont une action de soulagement immédiate, mais ne permettent pas de calmer sur le long terme l’inflammation des bronches. Il existe peu d’effets indésirables s’ils sont utilisés ponctuellement. Lorsque l’on ressent le besoin d’en prendre souvent (plus de 2 à 3 fois par semaine), cela signifie que l’asthme n’est pas suffisamment contrôlé et qu’il faut discuter d’un traitement de fond qui consiste en la prise quotidienne de corticoïdes inhalés à faible dose, même en l’absence de gêne respiratoire. Ces médicaments permettent de diminuer l’inflammation des bronches et d’espacer les symptômes. Ils sont très efficaces pour contrôler l’asthme et ont peu d’effets indésirables, même s’ils sont pris sur une longue période. Et surtout, ils ne sont pas contre-indiqués chez les enfants et chez les femmes enceintes !
Y a-t-il eu des avancées thérapeutiques ces dernières années ?
Depuis 15 ans, nous utilisons, en plus des traitements inhalés, des médicaments en injection sous-cutanée qui ne contiennent pas de cortisone et qui permettent d’améliorer considérablement les patients asthmatiques les plus sévères. Les patients décrivent une disparition quasi complète des symptômes, des poussées d’asthme et de la nécessité d’utiliser la cortisone pour aller mieux. Les effets secondaires sont rares et sans gravité.
Le virus du Covid-19 a-t-il eu un impact sur les asthmatiques ?
Étonnamment, la pandémie de coronavirus a eu peu d’incidence sur les patients asthmatiques. L’asthme n’est clairement pas un facteur de risque de Covid grave, ou de décès par Covid.
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