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Harcelé à l’école, il crée son asso pour endiguer ce fléau

PORTRAIT. Violences verbales, physiques, psychologiques... Hugo Martinez a été harcelé durant douze ans. Pour combattre ce fléau, il a créé l’association Hugo ! Le but ? Briser l’omerta et redonner le pouvoir d’agir aux 700 000 jeunes Français concernés.

 

Chaque midi, le même rituel. Hugo Martinez déjeune rapidement, puis tente de s’éclipser discrètement pour échapper à ses agresseurs. En vain. « Un groupe surgit, me maintient contre le mur et me passe à tabac, dans l’indifférence générale », soupire le jeune homme, aujourd’hui âgé de 22 ans.

Les coups, les insultes, les menaces, l’humiliation et les brimades entravent sa scolarité depuis le primaire. Elève sérieux et respectueux, il est taxé « d’intello », de « fayot », de « bigleux », de « gros »... Chaque différence est épinglée. Comme Hugo, un jeune sur dix est victime de harcèlement en France.

Sa meilleure amie ? La solitude. Isolé dans la cour de récréation et rejeté au moment de la composition des équipes en cours d'EPS et autres travaux de groupe, sa vie sociale s’avère désespérément limitée. Alors, chaque jour, lorsque la dernière sonnerie retentit, c’est le soulagement.


« Je dois sortir du statut de victime »

De retour chez lui, il se sent protégé... jusqu’à son entrée en quatrième où le cyberharcèlement ne lui laisse plus aucun répit. Un « supplice » qui durera douze ans et dont il ne ressortira pas indemne.

En mai 2017, près d’un an après avoir obtenu son bac et quitté les bancs de l’école, ces souvenirs douloureux le hantent. A bout de force, démuni, Hugo est hospitalisé durant trois semaines. C’est l’électrochoc. « Je dois sortir du statut de victime », prend-il alors conscience. Question de vie ou de mort.

Il publie alors des vidéos « live » sur les réseaux sociaux, présentant chaque soir un dispositif ou une action qu’il souhaiterait mettre en place pour lutter contre le harcèlement scolaire. Agir, pour ne plus subir.

Au fil des jours, les internautes sont de plus en plus nombreux à assister à cette « métamorphose », en direct. En parallèle, Hugo se reconstruit grâce au cinéma et au théâtre, qui lui permettent d’exprimer son mal-être et de prendre confiance en lui.

 

 

Parler pour se libérer

Gonflé à bloc, en janvier 2018, il crée l’association « Hugo ! » L’objectif : « Sensibiliser le grand public, accompagner les victimes et leurs familles, former les différents acteurs qui encadrent les jeunes, et agir via des événements nationaux tels que le Grand concert du harcèlement scolaire », explique son jeune président.

La valeur ajoutée de cette association ? Elle mise sur la pratique d’une activité artistique ou sportive pour permettre aux jeunes de se reconstruire.

A toutes les victimes de harcèlement scolaire, Hugo assure son indéfectible soutien. « Ne vous murez pas dans un silence ravageur, parlez... à vos amis, parents, professeurs, à des associations, conseille-t-il. Et gardez à l’esprit qu’aussi douloureuse soit-elle, cette période n’est que passagère. Ne les laissez pas gagner, battez-vous pour atteindre vos rêves. »

Même injonction pour les intimidateurs : « Faites part de votre mal-être à un adulte, qui vous aidera à l’exprimer autrement que par la violence », conclut Hugo, soulignant que « dans neuf cas sur dix, un harceleur souffre autant qu’il fait de mal ».

 

 

5 conseils aux parents d’enfants harcelés

  • Recueillir la parole de l’enfant, ne pas le culpabiliser ni le rabaisser, et éventuellement solliciter l’aide d’un psychologue.
  • Ne pas tenter de résoudre le problème soi-même par la violence, et inciter les témoins à briser le silence.
  • Rassembler les preuves et alerter l’établissement et les parents des agresseurs afin de prévenir toute récidive.
  • Contacter la plateforme « Non au harcèlement », joignable gratuitement par téléphone au 3020 du lundi au vendredi de 9 h à 20 h et le samedi de 9 h à 18 h.
  • En dernier recours, il est également possible de déposer plainte.