Cinéma : Fabien Gorgeart raconte la famille d’accueil
Cinéma : Fabien Gorgeart raconte la famille d’accueil
Dans son film La vraie famille, Fabien Gorgeart traite d’un sujet qu’il a bien connu : l’attachement à un enfant par sa famille d’accueil. Portrait d’un réalisateur qui a l’art de montrer toute la complexité des sentiments maternels.
Fabien Gorgeart a 6 ans quand un petit garçon de 18 mois fait irruption dans sa vie, placé dans sa famille qui devient alors famille d’accueil. Jusqu’à ses 6 ans, ce petit garçon grandit aux côtés de Fabien, son frère et ses parents, avant de quitter ce transitoire.
Cette séparation hante Fabien Gorgeart pendant 30 ans jusqu’à ce que le réalisateur en fasse le sujet de son second long-métrage sorti cette année : La Vraie Famille. On y assiste au déchirement d’Anna (Mélanie Thierry), qui doit « rendre » un enfant qu’elle a aimé comme le sien à son père biologique.
L’itinéraire d’un passionné
Cette histoire liée au vécu de Fabien Gorgeart n’est pas si éloignée du scénario du film E.T. (de Steven Spielber, sorti en 1982) cher au réalisateur, dans lequel l’extra-terrestre doit quitter sa famille de cœur pour retrouver les siens. « Enfant, ce film m’a bouleversé, sans doute parce qu’il faisait directement écho à ce que nous vivions à la maison, analyse-t-il. Mon désir de faire du cinéma est né à ce moment-là. »
Sur les bancs du lycée, le jeune Fabien continue de nourrir cette passion pour le 7e art et le jeu, en suivant assidûment les cours de l’option « Théâtre ». S’en suit un long cheminement, plusieurs scénarios et court-métrages – dont le très remarqué Le sens de l’orientation en 2012 –, puis un premier long métrage en 2017 : Diane a les épaules.
« Le personnage central de ce film, joué par Clotilde Hesme, portait un enfant qui n’était pas le sien mais celui d’un couple d’hommes, raconte Fabien Gorgeart. Finalement, ce premier film est une manière décalée de raconter déjà l’histoire de La Vraie Famille. »
Quand réalité(s) et fiction s’entremêlent
Afin de tirer de son propre vécu un film plus universel, Fabien Gorgeart a mené l’enquête. Pour mettre à jour sa connaissance du sujet et se nourrir d’autres histoires, il a rencontré une assistante sociale, mais aussi des assistantes familiales, ces mères de substitution qui accueillent des enfants pour une durée limitée.
« À l’époque, on avait seulement dit à ma mère que ce rôle consistait à aimer les enfants, mais pas trop. Aujourd’hui, les choses ont un peu changé ; les familles d’accueil semblent davantage formées, elles sont rémunérées et elles doivent respecter certaines obligations comme offrir à l’enfant un espace à lui, poursuivre son éducation religieuse s’il en avait une avant… »
Soulagé d’avoir réalisé LE film qui l’obsédait, le réalisateur peut désormais explorer de nouveaux sujets ; plusieurs adaptations pour le théâtre et un long métrage sur l’adolescence sont en préparation.
Outre un nouveau succès critique, La Vraie Famille lui a également permis de prendre du recul sur son histoire : « La séparation avec ce petit garçon que nous avons considéré comme un frère et un fils a été douloureuse, certes, mais c’était aussi une expérience très riche qui nous a apporté une grande ouverture d’esprit tout en actant le côté « hors normes » de ma famille. Je n’ai rien à regretter. »
Mots clés
famille
film
enfant