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Anosmie : une vie sans odeurs

Souvent ignorée jusqu’au covid-19, l’anosmie est pourtant un trouble qui concerne 5% de la population. Cette absence d’odorat aux causes multiples altère fortement la qualité de vie des patients. Une vie sans odeurs… et donc avec moins de goût.

Une absence d’odorat : c’est l’anosmie. Et par répercussion, une perte importante du goût puisqu’il fonctionne en partie par rétro-olfaction. « Tous les plaisirs de la table sont bouleversés, ainsi que les souvenirs qui vont avec », témoigne Claire Fanchini, anosmique et porte-parole de l’association Ansomie.org.

Des conséquences sur tous les aspects de la vie


Gastronomie donc, mais aussi profiter de la nature, se réunir, s’occuper de son bébé… « Je n’ai jamais pu sentir l’odeur de mon fils », déplore la jeune femme. L’anosmie a des répercussions immenses et insoupçonnées. Parmi elles, la dépression pour la majorité des personnes anosmiques, dont Claire qui s’en est sortie. Une pathologie d’autant plus justifiée par l’incompréhension de l’entourage : « Peu de gens nous écoutent et se rendent compte de ce qu’on vit. Beaucoup essayent de dédramatiser ("ça pourrait être pire !") ou d’en plaisanter ("pratique pour changer les couches de ton fils !") ». L’anosmie est d’ailleurs difficilement reconnue comme un handicap sensoriel invisible, malgré les mises en danger qu’elle peut entraîner : intoxication alimentaire car « on ne peut plus identifier un aliment avarié », fuite de gaz ou début d’incendie qui passe inaperçu...

Des causes multiples


En cas d’anosmie, les informations olfactives ne remontent plus au cerveau par les nerfs et le bulbe olfactif. Un état qui peut être congénital ou acquis : à la suite d’un traumatisme crânien comme Claire, d’une infection virale, d’une maladie inflammatoire, d’une exposition prolongée à un produit chimique ou encore d’une maladie neurodégénérative comme la maladie d’Alzheimer (la mémoire est d’ailleurs proche de la zone cérébrale dédiée à la perception des odeurs). 
« Quand l’anosmie est acquise, c’est un deuil à accomplir », souligne Claire qui recommande certaines adaptations du quotidien en conséquence : « Il ne faut pas avoir de gaz chez soi et concernant les restes alimentaires, ne pas hésiter à marquer la date d’ouverture ou de préparation dessus. »

Quelle prise en charge ?


Premier réflexe à adopter pour Claire ? « Consulter un ORL qui connaît l’anosmie. » Ce trouble n’étant pas intégré à leur formation, beaucoup de spécialistes apprennent « sur le terrain ». « Quand le médecin parvient à détecter la cause, après plusieurs examens, il peut adresser à d’autres professionnels de santé » : neurologue et psychiatre, notamment. En outre, pour les personnes anosmiques après un virus ou un traumatisme crânien, un protocole de rééducation olfactive créé par le CNRS et Anosmie.org est recommandé.
Pour Claire, le soutien psychologique est essentiel et d’autant plus en cas de dépression, qui peut nécessiter la prise temporaire d’antidépresseurs. Ce soutien est d’ailleurs proposé sous plusieurs formes par l’association qu’elle représente, afin de sortir de son isolement et se sentir enfin compris.  

Victoria Louvel

Pour aller plus loin : 


Le site officiel de l’association Anosmie.org 

« À vue de nez : C’est quoi l’anosmie ? » sur le site de l’Inserm

« Les troubles : que se passe-t-il quand l’odorat ne fonctionne plus ? » sur le site d’une équipe scientifique du Centre de recherche en neurosciences de Lyon

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