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Sage-femme, un rôle essentiel pour la santé des femmes

 
La France compte 24 000 sages-femmes, dont les compétences vont bien au-delà de l'accompagnement des seuls accouchements. Les sages-femmes mènent de véritables combats pour la santé des femmes. Rencontre avec Isabelle Derrendinger, la présidente du Conseil national de l’Ordre des sages-femmes.

 

Vies de famille : Quels sont vos combats pour les sages-femmes, et plus largement pour les femmes ? 

 

Isabelle Derrendinger : Aujourd’hui, trop de femmes rencontrent des difficultés dans l’accès aux soins tandis que leurs droits restent fragiles : 1 femme sur 6 n’a pas de suivi gynécologique, 10 % d’entre elles ont déjà renoncé à la contraception en raison de son coût et 84 % d’entre elles ont rencontré des difficultés pour avorter. La périnatalité [période comprise entre le 6ème mois de grossesse et la semaine suivant la naissance] est également sous tension, non sans impact sur la qualité de la prise en charge et la sécurité des mères et des nouveau-nés. Il me paraît donc primordial de rappeler le rôle essentiel de notre profession dans la protection de la santé sexuelle et reproductive des femmes. 

 

Quels sont vos moyens d’action ? 

 

Face à la dégradation de nos conditions de travail, au manque croissant d’attractivité du métier et aux carences de notre système de santé, nous avons lancé en 2022 une campagne nationale autour du slogan « Santé pour toutes ». La rédaction d’un Livre blanc par sept instances représentatives de la profession a permis de rassembler dix propositions, étayées d’actions concrètes. Y sont abordées notamment, la réforme des études de sages-femmes pour répondre aux besoins de santé publique ; la reconnaissance du caractère médical de sages-femmes par la réforme des statuts et des rémunérations ; et la reconnaissance et la valorisation de l’expertise scientifique des sages-femmes. 

 

Avez-vous réussi à faire bouger les lignes ?

 

Le 17 janvier 2023, la proposition de loi réformant la formation initiale des sages-femmes a été définitivement adoptée. Elle permet notamment la création d’un troisième cycle des études de maïeutique, mais aussi la pleine intégration de la formation à l’université, ainsi que la création d’un statut universitaire d’enseignant-chercheur en maïeutique et de maître de stage. De quoi favoriser la reconnaissance et de la profession et le développement de la recherche et des droits des étudiants. Une belle avancée qui doit s’accompagner d’une véritable reconnaissance statutaire du caractère médical des sages-femmes. 

 

Biographie d'Isabelle Derrendinger

 

Diplômée de l’école de sages-femmes de Limoges en 1990, je suis également titulaire d’une maîtrise en sciences biologiques et médicales (2004) et d’un Master à l’Institut des Administrations et des Entreprises (2015). Ma carrière professionnelle est un peu atypique : après l’obtention du Certificat cadre en 1997, je me suis orientée vers l’enseignement, tout en conservant une activité clinique. Puis j’ai été nommée cadre supérieure du Pôle mère-enfant au CHU de Nantes en 2002 et je suis, depuis 2011, directrice de l’École de sages-femmes de Nantes. Je suis par ailleurs impliquée dans des actions humanitaires et également experte formation auprès de la confédération internationale des sages-femmes. 

J’ai intégré l’Ordre en mars 2016 pour y occuper successivement les postes de vice-présidente, de secrétaire générale, puis de présidente. Ce qui m’intéresse dans cette structure, c’est la possibilité de faire entendre la voix des sages-femmes, et plus largement des femmes, auprès des pouvoirs publics.