Le revenge porn, une cyberagression sexuelle
Le revenge porn, une cyberagression sexuelle
Le revenge porn consiste à diffuser des images ou vidéos à caractère sexuel d’une personne sans son consentement. Chantage, humiliation, atteinte à la vie privée… cette pratique malveillante est passible de poursuites judiciaires.
À l’âge de 14 ans, Aliya Chartier s’est inscrite sur Habbo, un jeu en ligne à destination des jeunes d’au moins 13 ans. Elle y rencontre Alexandre, un jeune homme de 17 ans : « J’ai très vite été embarquée par ses jolis mots, ses douces attentions. C’était mon premier amour. Je n’avais jamais eu de petit ami auparavant. »
Très vite, ce petit copain lui demande des photos dénudées – des « nudes » –, n’hésitant pas à lui faire du chantage affectif : « Tout le monde le fait, même tes copines. C’est normal de faire ça quand on aime une personne », lui dit-il pour la rassurer. Elle s’exécute.
Un soir, l’internaute avoue l’avoir manipulée et commence à la menacer. « Il fallait que je continue à lui envoyer des photos, sinon il diffusait les cinq qu’il avait sur Internet avec des mots clés se référant à moi pour tomber dessus plus rapidement, avec mon identité, ma ville, mon adresse. »
Des conséquences d’ordre psychologique et social
« Cette pratique provoque chez ses victimes des conséquences dramatiques (humiliation, repli sur soi, suicide…) », observe Sylvie Jonas, avocate et autrice de La cybercriminalité en 11 fiches et plans d’actions*. Aliya en a énormément souffert. Elle passe par l’automutilation pour appeler à l’aide : « J’avais tellement honte de moi, je me sentais tellement sale que j’ai voulu me punir, raconte-t-elle. Il a détruit une partie de ma vie. »
Les conséquences sont d’ordre psychologique, mais aussi social. Aliya a connu le harcèlement : « Des rumeurs circulaient depuis la troisième, et cela a duré jusqu’en terminale. » Le revenge porn prend de l’ampleur et peut également nuire à la vie professionnelle par la suite.
Sylvie Jonas alerte sur la multiplication des comptes dits « ficha » (se « taper l’affiche » en verlan) sur les réseaux sociaux où les photos sont diffusées et envoyées à différents contacts : « Cette nouvelle pratique consiste en la création de comptes sur un réseau social (principalement Snapchat) intitulés "ficha" et suivis d’un numéro de département. Une forte mobilisation a été déployée par des associations comme e-Enfance afin de mettre un terme à cette pratique. »
Signaler et trouver du soutien
Il est d’abord essentiel de dénoncer ces contenus, car la divulgation de ces images est « l’affaire de tous », comme le rappelle l’avocate. Il est possible de signaler les images auprès du numéro vert 3018 (du lundi au samedi de 9 h à 20 h), une ligne d’écoute prise en charge par l’association e-Enfance, et de porter plainte dans un commissariat de police. « La diffusion non autorisée de propos ou d’images à caractère sexuel, tout comme sa tentative, est punie de deux ans d’emprisonnement et de 60 000 euros d’amende. »
Cette agression est une épreuve qu’il ne faut pas traverser seul(e). « On peut s’en sortir grâce à une thérapie avec un professionnel (psychiatre, psychologue), explique Aliya, 20 ans aujourd’hui, qui a publié Juste une histoire de nudes**, un livre témoignage. L’écriture était pour moi une échappatoire. Publier ce livre aujourd’hui est quelque chose de primordial. Les jeunes et moins jeunes en ont besoin. Je sers d’exemple, de prévention. »
* Editions LGDJ
** Editions du Raton laveur
Pour aller plus loin
« Les différente formes de harcèlement » sur la plateforme arretonslesviolences.gouv.fr
« Que dit la loi : le revenge porn » sur le site de l’association e-Enfance
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