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Jeune adulte et parents, comment vivre sous le même toit ?

4,7 millions d’adultes (dont 70 % des 18-24 ans) habitent chez leurs parents. Les jeunes Français sont parmi ceux qui cohabitent le plus tardivement avec leurs parents, tout en se déclarant autonomes le plus tôt ! 4 sur 10 sont étudiants, 3 sur 10 travaillent et 2 sont au chômage. Raisons pratiques et financières cachent aussi des études qui s’allongent, une entrée plus difficile sur le marché du travail et la hausse des prix de l’immobilier. Avec les confinements, certains ont aussi fait le choix de revenir pour ne pas rester seuls.
 

« On fait des efforts réciproques ! »

Zacharie prépare un Bac Pro en apprentissage et vit une cohabitation apaisée, alternativement chez sa mère et chez son père. Naturellement et progressivement ses parents l’ont considéré comme un adulte, et il se prête de bonne grâce aux règles parentales concernant les horaires et les coups de main (courses, préparation des repas, vaisselle, aspirateur).« On fait des efforts réciproques ! » analyse-t-il.

Sa chambre, aménagée par ses soins, est son espace privé : « Je me sens chez moi, mais plus encore dans ma chambre, parce qu’elle est rangée à ma façon. »
Globalement, il attend de ses parents qu’ils l’écoutent, sans forcer la discussion, dans une relation d’égal à égal et de confiance.
 

La chambre, un territoire personnel

« Les jeunes connaissent les règles parentales. S’ils les grignotent, c’est pour construire leur « chez-soi ». Ils cherchent à gagner une légitimité à habiter ici », explique Elsa Ramos, sociologue de famille et de la jeunesse. « S’ils ne rentrent pas, ils préviennent, car ils savent qu’ils ne sont pas à l’hôtel. Ils savent aussi qu’ils « doivent » certains comportements à leurs parents, comme partager certains repas ou du temps ensemble. »

Au-delà de ces règles tacites et acceptées, la cohabitation est une question de territoires personnels et la chambre un lieu de construction de soi. « Les jeunes revendiquent leur désordre comme une organisation personnelle. », analyse la spécialiste. Quand ils se débarrassent de certains meubles, changent la déco ou refusent que des objets familiaux occupent leur chambre, ils demandent à être reconnus comme des individus et leur chambre comme un espace intime.
 

D’égal à égal

Dépendants sur le plan financier, logistique et résidentiel, les grands enfants se sentent autonomes et acteurs de leur vie. Ils attendent de leurs parents d’être traités d’égal à égal. « Attention à ne pas leur assigner une place de « petits », qui leur interdirait de construire leur autonomie » conseille d’abord la sociologue. Ensuite, pour régler les conflits, souvent autour des tâches ménagères, l’idéal est de faire preuve de beaucoup de compréhension mutuelle. Les parents ont aussi besoin qu’on respecte leurs espaces.

« Les enfants connaissent mieux le mode de fonctionnement de leurs parents que l’inverse. Il y a un grand travail d’acceptation de l’autre à mener, car chacun revendique le droit à être soi-même » constate la sociologue. Des relations égalitaires permettent de construire un environnement où chacun se sent à sa place et où la discussion est possible… Un « chez nous ».
 

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