« Être homosexuel n’est ni un choix ni une provocation »
« Être homosexuel n’est ni un choix ni une provocation »
Le 17 mai, le monde se mobilise pour lutter contre l’homophobie et la transphobie. Un combat que l’animateur et journaliste Christophe Beaugrand mène depuis l’adolescence. Aujourd’hui, mari et père accompli, il incite à plus de tolérance et à briser les tabous !
« L’appel vidéo entre nous trois commence. D'un côté, Ghislain, dans notre maison en tee-shirt. De l'autre, Whitney et Jacob dans leur jardin à Las Vegas (ndlr : États-Unis). Et, enfin, moi, maquillé comme une voiture volée, sur un plateau clinquant avec de la musique et des projecteurs. (...) Les yeux qui pétillent et le sourire franc, Whitney nous annonce : "We are pregnant !" (ndlr : Nous sommes enceints !) J'ai l'impression que mon cœur va bondir hors de ma poitrine ! », confie Christophe Beaugrand dans son livre Fils à papa(s) aux éditions Plon.
C’est via cet appel vidéo « surréaliste » que le journaliste et animateur apprend qu’il va devenir père, sur le tournage de l’émission « Ninja warrior ». Un guerrier, c’est justement ce qu’il est.
Dans ce témoignage sincère, tendre et poignant de 312 pages, il raconte, notamment, son parcours du combattant, avec son mari Ghislain, pour devenir pères, face aux contraintes administratives et financières de la gestation pour autrui (Gpa) aux États-Unis puis de la reconnaissance de leur fils sur le sol français. Une expérience « fastidieuse, parfois douloureuse », selon lui, « mais qui en vaut la peine ».
« Toutes les familles méritent le respect »
Ce jour-là, Christophe remercie chaleureusement la femme qui porte son enfant avant de retourner au front. Il a une émission à enregistrer. De retour à son poste, il affiche son « plus beau sourire », sachant qu’à quelques milliers de kilomètres, « un petit cœur bat dans un minuscule haricot. Notre fille ou notre fils, nous l'aimons déjà tant », écrit-il.
Âgé de 2 ans et demi aujourd’hui, le « petit haricot » est devenu une « véritable pile électrique ». « Valentin est très content d’avoir ses deux papas, il n’est pas encore conscient d’avoir un schéma parental un peu différent », assure son père qui incite à « faire de la pédagogie dès le plus jeune âge pour montrer que toutes les familles méritent le respect ».
Rejeté par sa famille
C’est durant son enfance que Christophe Beaugrand découvre son homosexualité, sans oser se l’avouer, dans un premier temps. « D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours ressenti une attirance pour les garçons », explique-t-il, désormais âgé de 45 ans.
À l’époque, personne n’en parle. Christophe ne fait pas exception. « À l’adolescence, où l’on a généralement envie de se fondre dans la masse, cette différence m’a beaucoup perturbé », poursuit-il. Évoquer le sujet avec ses proches ? « J’avais bien trop peur d’être rejeté...» À raison. Lorsqu’il l’annonce finalement à sa famille, sa mère lui conseille de « ne pas s’éloigner du droit chemin ». Avec l’aide d’une thérapie, elle revient quelques temps plus tard vers son fils en lui assurant que le principal c’est qu’il soit heureux. Son grand-père, chez qui il loge, ne se montre pas aussi tendre. Il le « fout dehors » et décide de « faire une croix » sur son petit-fils.
« L’homosexualité, ni un choix, ni une provocation »
Cette expérience « traumatisante » a poussé Christophe Beaugrand à s’engager auprès de la fondation Le Refuge, en tant que parrain. Reconnue d’utilité publique, elle accompagne 9 515 jeunes Lgbt+*, âgés de 14 à 25 ans et en héberge 2 863 au sein de 22 dispositifs maisons-relais.
Via différents ateliers et un accompagnement psychologique et socio-éducatif, elle entend les guider vers l’autonomie mais aussi prévenir le suicide. Son credo ? « Sauver la vie et l’avenir de jeunes rejetés par leur famille ».
« Être homosexuel n’est ni un choix ni une provocation, soutient Christophe Beaugrand. Nous sommes simplement une composante de cette société au sein de laquelle nous avons toute notre place. » Aujourd’hui présentateur, mari et père épanoui, il incite les jeunes à revendiquer leur différence : « Parfois, lorsqu'on s'assume et qu'on est bien dans sa peau, on aide aussi les autres à nous accepter. »
* Lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, queers, intersexes, asexuelles et tous les autres.
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