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Dépression post-partum : les symptômes à surveiller

Contrairement aux idées reçues, la naissance d’un enfant peut s’accompagner d’une grande détresse chez les mères. En France, 10 à 15 % d’entre elles souffrent de dépression post-partum. Certains signes permettent d’identifier ce phénomène peu connu. 

 

À la naissance d’un enfant, la société s’attend à ce qu’une mère soit submergée de bonheur. Pourtant, la découverte de la maternité peut être un moment difficile à vivre pour de nombreuses femmes. Au point de ressentir une détresse profonde, persistante, jusqu’à perdre tout intérêt pour ses activités quotidiennes.

Dans l’Hexagone, 10 à 15 % des jeunes mères souffrent de dépression post-partum, selon un rapport de la Commission des 1 000 premiers jours, publié en septembre 2020. Un mal à différencier du baby blues, qui toucherait 80 % des femmes et s’estompe naturellement les quinze jours qui suivent la naissance. « Cela devient inquiétant si cette déprime dure plus de deux semaines et prend une ampleur importante, avec un pic de fréquence à 2-4 mois et un autre à 6 mois », précise Adrien Gantois, sage-femme libéral et président du Collège national des sages-femmes de France.
 

Des symptômes psychiques et physiques

Fatigue intense, pleurs incontrôlables, difficulté à gérer le stress, irritabilité, dévalorisation de soi, incapacité à apprécier son rôle de parent… ces symptômes doivent alerter les nouveaux parents. « Les phobies d’impulsion sont également typiques dans la dépression post-partum. Certaines mères éprouvent la peur de faire du mal à leur bébé, et c’est terrifiant à vivre, prévient Myriam Added, psychiatre au Centre hospitalier Henri Laborit de Poitiers (Vienne), et experte de la dépression du post-partum. Il est très important qu’elles sachent qu’elles ne vont pas passer à l’acte. »

« Elles peuvent aussi avoir des idées noires avec le sentiment que leur enfant serait mieux sans elle », alerte Myriam Added. Une situation à prendre au sérieux, alors que le suicide constitue la deuxième cause de décès maternels en France, selon un rapport de l’Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (Encmm) pour la période 2013-2015.
 

Une réalité encore taboue

Reste que la peur d’être jugée et la culpabilité empêche encore de nombreuses femmes à demander de l’aide. Seules 2 % d’entre elles consulteraient un psychologue, selon une enquête réalisée par la Sofres pour Enfance et partage. « Dans la société, lorsque vous regardez les magazines de parentalité, par exemple, vous voyez toujours des mères totalement épanouies. Il faut qu’elles puissent savoir qu’elles ont le droit de ne pas aller bien, même si elles aiment leur bébé », rassure Myriam Added.

En plus de repérer les symptômes de la dépression post-partum, il est donc essentiel de libérer la parole. Pour ce faire, il est « primordial d’entamer dès le début de grossesse une relation de confiance avec un professionnel de santé bienveillant », conseille Adrien Gantois. Pour les proches, il est recommandé de ne jamais minimiser les émotions de la jeune mère, mais au contraire de l’écouter et de la soutenir.

« Parfois, les mères ont peur qu’il n’y ait pas de sortie de secours, mais les solutions pour s’en sortir sont très efficaces, telles qu’un suivi psychologique, éventuellement la prescription d’antidépresseurs ou la prise en charge par une unité mère-enfant. La dépression post-partum n’est pas une fatalité », insiste Adrien Gantois.

 

 

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