L’inclusion scolaire, instaurée en 2005 avec la loi sur « l’égalité des chances et des droits », vise à permettre à chaque élève, y compris ceux en situation de handicap, d’accéder à une scolarité en milieu ordinaire. Ce modèle éducatif est plébiscité par les parents, car il offre à leurs enfants des opportunités d’intégration et de réussite, tout en réduisant la stigmatisation associée au handicap. En près de 20 ans, le nombre d’enfants handicapés scolarisés dans des classes ordinaires a considérablement augmenté, passant de 133 838 en 2004 à plus de 468 000 en 2022.

Cependant, l’inclusion scolaire n’est pas toujours simple à mettre en œuvre. Une récente thèse de sociologie, soutenue en 2023 et financée par la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf), s’est penchée sur les expériences des parents d’enfants atteints de troubles du spectre autistique (TSA) ou de troubles de la fonction auditive (TFA). L'étude montre que, malgré la volonté d'intégrer leurs enfants dans le système scolaire ordinaire, les parents, et plus particulièrement les mères, se retrouvent souvent au cœur du processus, jouant un rôle d’« expert de l’enfant ».

Ces mères doivent organiser la scolarité de leur enfant, en collaborant avec les enseignants et en s'assurant que les adaptations nécessaires sont mises en place. Elles participent à toutes les étapes, depuis la scolarisation en classe ordinaire jusqu’à la recherche de solutions adaptées, comme l’inclusion collective ou, dans certains cas, l’orientation vers des structures spécialisées. Ce processus, souvent qualifié de "parcours du combattant", impose une forte charge mentale et des sacrifices importants sur le plan professionnel et personnel.

En effet, les mères sont fréquemment amenées à réduire, voire à cesser leur activité professionnelle pour se rendre disponibles aux besoins éducatifs de leur enfant, ce qui peut provoquer un sentiment d’isolement social. Malgré cela, beaucoup perçoivent l’inclusion en milieu ordinaire comme un enjeu crucial pour l’avenir de leur enfant, craignant que l’orientation vers des établissements spécialisés ne les exclue définitivement du système scolaire traditionnel.

Cette étude met en lumière les difficultés quotidiennes auxquelles sont confrontées les familles, tout en soulignant le rôle central et souvent méconnu des mères dans l’accompagnement de leurs enfants vers une scolarité inclusive.