Pénurie de professionnels de la petite enfance, où en est-on dans les Alpes-Maritimes ?

A l’échelle nationale, le secteur de l’accueil du jeune enfant fait face à de fortes tensions en matière de personnels, qui pèsent sur les conditions de travail des professionnels et conduisent, sur certains territoires, à des réductions de l’offre proposée aux familles.
Face à ce constat récurrent aussi bien de la part des acteurs de l’accueil collectif que des professionnels de l’accueil individuel, la branche Famille, principal financeur du secteur, avait mené en 2022 une enquête nationale auprès d'environ 16 000 crèches. 
Les résultats avaient notamment alimenté les travaux du comité de filière petite enfance national, présidé par Elisabeth Laithier, et conduit à un engagement de création “d’un socle social commun en faveur des professionnels de l’accueil du jeune enfant”, et une rénovation du cadre conventionnel de ces emplois.


Dans le cadre de sa contribution volontariste au déploiement du service public de la petite enfance, la Caf des Alpes-Maritimes a souhaité actualiser et enrichir la démarche par une enquête prospective locale auprès des gestionnaires maralpins.
Les 5 autres Caf de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) ont fait de même sur leurs territoires respectifs.
Notre objectif était de quantifier le nombre de postes manquants, déterminer les zones en tension, mesurer les impacts sur les établissements et élaborer un plan d’actions en lien avec les partenaires et financeurs du secteur (le Département des Alpes-Maritimes, la Mutualité sociale agricole, , les collectivités, les organismes de formation, ...).

L’enquête a été réalisée par questionnaire entre mars et avril 2024 auprès de l’ensemble des gestionnaires d’équipements petite enfance de notre territoire. Nous avons pu exploiter 56 réponses couvrant 188 crèches, 22 relais petite enfance, 29 micro-crèches Paje (prestation d'accueil du jeune enfant) et 24 lieux d’accueil enfant parent.
 

Typologie des gestionnaires d'équipements petite enfance ayant répondu à l’enquête :
 

 

Les résultats de l'enquête menée auprès des gestionnaires d'équipements petite enfance maralpins

41 gestionnaires ont rencontré des difficultés de recrutement en 2023 (73 % des répondants). Les besoins portent essentiellement sur le recrutement de titulaires des formations suivantes (classement par ordre décroissant en nombre de candidats recherchés) :
 


27 assistants maternels sont recherchés pour un recrutement en crèche familiale.

Les tensions sont essentiellement liées à des départs volontaires et aux arrêts maladie/congés maternité. Les départs à la retraite et les nouvelles normes réglementaires sont des motifs secondaires. 
Les gestionnaires d'équipements petite enfance qui ne sont pas en tension sur leur recrutement indiquent être attentifs à :

  • la conciliation vie familiale / vie professionnelle de leurs salariés (7 gestionnaires n'étant pas en tension ont des horaires variables, adaptables…) ;

  • aux évolutions professionnelles internes (6 gestionnaires) ; 

  • à l’accueil régulier des personnes en formation, en alternance, en contrat d'apprentissage (éducateur de jeunes enfants, Cap accompagnement éducatif petite enfance ...) pour identifier les futurs recrutements (5 gestionnaires).

Les avantages salariaux pour fidéliser les équipes ne semblent pas être un levier (seul un gestionnaire qui ne rencontre pas de difficultés de recrutement l’a mentionné), néanmoins ceci doit être pondéré par les remarques faites par les gestionnaires rencontrant des difficultés, qui ont des attentes sur ces points.

L’impact des difficultés de recrutement à court terme porte essentiellement sur :

  • une réduction des amplitudes horaires pour 42 % des répondants (volume non évalué) ;

  • un report d’ouverture pour 7 % des répondants (estimé pour un volume de 11 places en crèche disposant de la prestation de service unique - Psu). Il n'y a pas eu d’impact pour les multi-accueil collectifs, lieux d'accueil enfant-parent et relais petite enfance ;

  • une fermeture de 69 places, en crèches disposant de la Psu, ce qui correspond à 28 % des répondants (pas d’impact pour les multi-accueil collectifs, lieux d'accueil enfant-parent et relais petite enfance).
     

Les leviers de la Caf pour aider les gestionnaires d'équipements petite enfance à faire face à la pénurie de professionnels

Dès 2022, la Caf des Alpes-Maritimes a collaboré avec le département des Alpes-Maritimes, France Travail et les organismes de formation (la Haute école du travail et de l'intervention sociale - Hétis, l’Institut de formation aux métiers de l'enfance et de l'adolescence - Ifmea Lenval, Inter'Val formation) sur un plan d’action départemental visant à développer l’attractivité des métiers.

Ce plan s’est concrétisé par :

A l’instar de la branche Famille, la Caf des Alpes-Maritimes déploie, à compter de 2024, un nouveau dispositif, le bonus attractivité, visant à prendre en charge une partie des coûts résultant des efforts de revalorisations salariales au sein des crèches financées par la Psu (gestionnaires publics comme privés).

Depuis cette année, à travers des fonds dédiés à la rénovation (fonds de modernisation des équipements), la Caf soutient également les projets visant à améliorer les conditions matérielles de travail des professionnels (isolation thermique et phonique, aménagement de lieux de repas et de pause, recours à des équipements et du matériel plus ergonomiques...).

Des propositions d’accompagnement sont également actuellement travaillées par la Caf et ses partenaires locaux, à travers notamment un dispositif de soutien aux structures accueillant des stagiaires, futurs diplômés en petite enfance.

L’accueil individuel n’est pas en reste, puisque la Caf des Alpes-Maritimes peut mobiliser le fonds publics et territoires pour accompagner la qualité de la pratique professionnelle, tout au long de la carrière des assistants maternels. La Caf a également noué un partenariat avec la Fédération des particuliers employeurs, en vue de soutenir les animatrices de relais petite enfance dans leurs missions.

En outre, les résultats infra-départementaux de cette enquête alimentent désormais tous les diagnostics des conventions territoriales globales (Ctg), afin que le volet “métiers et formations” soit également pris en compte dans les futurs plans d’actions territoriaux.

A l’échelon régional, il est prévu que les Caf puissent compiler et faire valoir les résultats de cette enquête auprès de la région Paca, principal financeur des formations sanitaires et sociales. Enfin, les éléments collectés, qu’il s’agisse des besoins exprimés ou des suggestions des gestionnaires, ont été partagés avec la caisse nationale des Allocations familiales.

Nous tenons à remercier les acteurs de la petite enfance des Alpes-Maritimes, qui ont accepté de prendre part à cette enquête et de témoigner. Leur contribution est essentielle à la poursuite de notre soutien au secteur de la petite enfance.