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En Martinique et en Guadeloupe, les normes sociales régissant la paternité, ses fondements et les droits et devoirs qui lui sont associés sont parfois éloignées de celles de l’Hexagone. Ainsi, être père ne signifie pas forcément avoir reconnu son enfant, ni avoir vécu avec sa mère. Les professionnels de la famille ou de la justice relevant des institutions publiques, associatives ou religieuses ont parfois des difficultés à rencontrer les pères dans les actions de soutien à la parentalité. Pour s’orienter entre le respect du Code civil et celui des pratiques usuelles, les professionnels mobilisent divers référentiels liés à leur orientation professionnelle, militante ou religieuse, voire à leur histoire personnelle. Leurs propos sur les couples renvoient généralement à un modèle familial caribéen, pensé comme hérité de l’esclavage et comme peu compatible avec les normes hexagonales, dont leur statut professionnel les rend en principe porteurs. L’étude de l’histoire des Antilles révèle pourtant que la situation actuelle en Martinique et en Guadeloupe s’ancre moins dans le passé esclavagiste que dans des déséquilibres sociodémographiques entraînés par la forte émigration des jeunes hommes vers l’Hexagone depuis les années 1960.
► Auteurs :
Nadine Lefaucheur, Roger Cantacuzène, Joëlle Kabile, Sally Stainier et Stéphanie Mulot
Sous la responsabilité de Justin Daniel