Quand l’angoisse empêche d’aller à l’école
Quand l’angoisse empêche d’aller à l’école
Certains enfants souffrent d’une réelle impossibilité d’aller à l’école ou au collège. C’est le « refus scolaire anxieux » (ou « phobie scolaire »). Comment le détecter et le prendre en charge ?
« Je ne veux pas aller à l’école » : si la plupart des enfants ont déjà pu prononcer ces mots, certains d’entre eux ne peuvent véritablement pas aller à l’école. Ces jeunes souffrent de « refus scolaire anxieux », un terme que le Dr Hélène Dénis, pédopsychiatre au CHU de Montpellier, préfère à celui de « phobie scolaire ». Elle s’explique : « ce trouble est bien plus complexe qu’une phobie comme la peur des araignées ou la peur du noir, il résulte d’un ou plusieurs troubles anxieux qu’il faut identifier pour aider l’enfant à s’en défaire car il n’y arrivera pas seul ». Concrètement, le refus scolaire anxieux se manifeste chez l’enfant, l’adolescent ou le jeune adulte par des crises, des larmes, une peur panique, des troubles du sommeil à l’idée de franchir le seuil de l’école, de la tristesse, une baisse de l’estime de soi... « Ces enfants sont en lutte : ils aimeraient pouvoir aller à l’école mais n’y parviennent pas, explique le Dr Denis. Ils ressentent de la honte à ne pas y arriver et une peur qui dépasse le seul cadre scolaire. »
L’importance d’agir vite et collectivement
Face à ces différents symptômes, tous les moyens doivent être mobilisés pour éviter la déscolarisation. « Je conseille aux parents de prendre contact avec l’établissement scolaire au plus vite afin de réfléchir ensemble à des solutions, précise le Dr Denis. En fonction des peurs de l’enfant, plusieurs aménagements peuvent être envisagés : le désinscrire de la cantine, le faire entrer à l’école par une autre porte, identifier une personne ressource qui sera son repère dans l’école… » D’un établissement à un autre, il n’est pas toujours simple de mettre en place ce type de dispositif qui peut également être insuffisant. Bien souvent, l’enfant finit par ne plus pouvoir aller à l’école du tout.
Cerner l’anxiété pour mieux la combattre
Pour traiter son trouble, la prise en charge par un pédopsychiatre, un psychiatre ou un psychologue est indispensable. « La seule méthode qui a démontré son efficacité est la thérapie comportementale et cognitive (TCC) », ajoute le Dr Denis. Le principe : comprendre d’où vient l’anxiété du jeune, lui expliquer le fonctionnement de cette anxiété et, par l’intermédiaire d’exercices adaptés et progressifs, permettre au jeune de désapprendre à vivre avec cette anxiété qui l’empêche d’aller à l’école. Dans certains cas, quand l’anxiété est vraiment trop importante, un traitement médicamenteux peut compléter la TCC.
Un parcours difficile pour toute la famille
Pour les parents, l’anxiété de leur enfant peut être difficile à vivre, inquiétante et culpabilisante. Elle peut être aussi dure à supporter pour le reste de la famille, y compris les frères et sœurs. « Je voudrais leur dire de ne pas perdre espoir, prévient le Dr Denis. Après une TCC, nombreux sont les enfants qui réintègrent leur établissement scolaire, mais il faut être patient car le chemin peut être long ». Et parce que le fait de garder à la maison son enfant déscolarisé est difficilement compatible avec une activité professionnelle, les parents peuvent faire une demande d’allocation journalière de présence parentale (AJPP) pour les aider à compenser la perte financière liée à leur impossibilité de travailler.
Chloé Dussère
Pour aller plus loin :
De multiples ressources sur le site de l’Association Phobie Scolaire (APS)