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Solidaire et généreux, le don de congés entre collègues

Tout salarié peut donner des jours de congés ou de Rtt à un collègue qui doit s’occuper d’un proche. Pour Sandro, qui a passé beaucoup de temps à l’hôpital auprès de son fils Joa, c’est sans doute le plus beau des cadeaux !

 

Caroline et Sandro ne connaissaient pas ce dispositif avant le cancer de leur fils, âgé de 5 ans. « Joa a fait un séjour de plusieurs semaines à l’hôpital, à plus de 100 kilomètres de chez nous. Il nous voulait à ses côtés tous les deux, en permanence, témoigne le père de famille. Un collègue m’a proposé de me donner une semaine de ses congés, pour couvrir une partie de mes absences sans perte de salaire. Je lui en serai toujours reconnaissant, c’est un moment qui reste gravé à vie, un cadeau exceptionnel ! »
Salarié d’un grand constructeur automobile, Sandro a bénéficié de ce droit, issu de la loi Mathys de 2014. Loi nommée ainsi suite à l’histoire du père du jeune Mathys qui avait bénéficié d'un élan de générosité spontané de ses collègues, qui lui avaient donné 170 jours de Rtt (réduction du temps de travail), en dehors de tout cadre légal, pour s'occuper de son fils malade d’un cancer.


Dans quelles situations ?

Aujourd’hui, le code du travail donne le droit de transmettre ses jours de congés à un collègue dans 3 situations : un enfant de moins de 20 ans atteint d'une maladie, d'un handicap ou d'un accident grave ; un proche handicapé ou en perte d'autonomie grave ; le décès d’un enfant de moins de 25 ans. 
Les jours de congés annuels qui correspondent à la 5e semaine de congés payés, les jours de Rtt ou les jours provenant d’un compte épargne temps (Cet), peuvent alors être transmis aux collègues concernés. 
Le salarié qui souhaite faire un don doit en faire la demande à son employeur. Idem pour le salarié qui veut bénéficier d’un don. Il lui faut alors fournir un justificatif adapté : certificat médical attestant de la nécessité d’une présence soutenue et de soins contraignants, par exemple.


Quand tout le monde joue le jeu

Pour que le don de congé se démocratise au sein des entreprises, les ressources humaines peuvent sensibiliser les salariés et faciliter la démarche, car son efficacité est conditionnée à un nombre conséquent de donateurs. 
C’est le cas du Cnrs, qui a par exemple recueilli 2 283 jours de congés en 2019 de la part de 417 salariés. « Tous les services publics pratiquent ce don depuis 2015. Au Cnrs, nous avons choisi de mener une campagne annuelle d’incitation au don. Cette communication volontariste a le bénéfice de faire un rappel de son existence à tous, explique Marie Galloo-Parcot, directrice des ressources humaines adjointe (Drh). Les salariés qui quittent l’entreprise avec un solde de congés inutilisés, ceux qui peinent à prendre leurs congés avant la date… préfèrent faire ce geste de solidarité pour gérer leurs congés restants. » 


« Un dispositif gagnant »

Avec un don moyen de cinq jours de congés, les donateurs font preuve d’une grande générosité. « Ce dispositif de solidarité est gagnant : il facilite une bonne gestion des congés non pris en fin de période et profite de façon anonyme aux salariés qui en font la demande auprès de notre service social », s’enthousiasme la Drh.
Privée ou publique, petite ou grande, toute entreprise a accès à ce droit, encore méconnu. À l’heure où les employeurs se font fort de communiquer sur leurs valeurs sociales, responsables et solidaires, gageons qu’ils se fassent les ambassadeurs de ce dispositif, qui ne remet nullement en question le congé de proche aidant, et représente un geste de grande valeur.

 

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